JOURNAL DE MARCHE DU
6e
REGIMENT DE CUIRASSIERS
PENDANT LA CAMPAGNE CONTRE L'ALLEMAGNE
du
2 septembre 1939 au 25 juin 1940
source : http://www.chars-francais.net/archives/jmo/jmo_6cuir.htm
Depuis le dimanche 20 août 1939, la menace allemande contre Dantzig et la Pologne se précise. La France rappeIle les réservistes de la D.A.T. et les Officiers et hommes de troupe d’active en permission.
Le Régiment se
prépare sans fièvre ; le 27 août, les
éléments de l’échelon "B" rejoignent le quartier.
Pour éviter
l'encombrement, le 2e Groupe d’Escadrons, Commandant MICHON, gagne son
cantonnement d’alerte aux MONTHAIRONS, le 23 août 1939 dans
l'après-midi.
Le 1er Groupe d’Escadrons
(Commandant DE FERRON) celui d’ANCEMONT, le 27 août 1939.
1er SEPTEMBRE 1939
L'ordre de mobilisation
générale, connu par radio de 12 h., parvient
officiellement à 16 h. 15.
2 SEPTEMBRE 1939
Ce jour, à 16 heures,
l'Etat-Major du Régiment et l'E.H.R. au complet gagnent
ANCÉMONT.
Au quartier ne reste que le
dépôt avec les Capitaines TILLOIS, DEVOUGES et MATTEl :
les Sous-Lieutenants PUSEL,
LACROZE, BAUDET.
Le Régiment entre en
campagne à l’effectif de 34 Officiers,
133 Sous-Officiers,
758 Hommes de troupe.
Le moral est élevé,
le matériel de combat moderne.
ORDRE DE BATAILLE DES OFFICIERS
Etat-Major du Regiment
Le Colonel LAFEUILLADE.
Le Capitaine GOSSELIN, Adjoint.
Le Capitaine Roux. Officier de
Transmissions.
Le Lieutenant PERCEPIED, Officier
des Détails.
Le Lieutenant MORE, Officier du
Service Automobile.
Le Capitaine THIRY,
Médecin Chef de Service.
Le Sous-Lieutenant GABET.
Officier de Renseignements.
Le Médecin Lieutenant FELD.
Le Médecin Lieutenant
AUVRAY.
Le Pharmacien Lieutenant ALLARD.
Le Dentiste Auxiliaire TKATCHOFF
Escadron Hors-Rang
Le Capitaine BRUN, Commandant
l’Escadron Hors-Rang.
Le Capitaine BAUER, Officier
Mécanicien du Service Auto.
Le Lieutenant ROBERT, Officier
d’Approvisionnement,
Le Sous-Lieutenant MAISEL,
Officier Pionnier.
1er Groupe d'Escadrons
Chef d’Escadrons, DE PERRON.
Lieutenant DESMARAIS, Adjoint.
1er Escadron A. M. D. 2e Escadron Motocycliste
Cap. DELARUE, Cdt 1er Esc.
Lt DE MONTALEMBERT. Lt DE VILLELE. Ss-Lt CHAL.IER. Cap. LELIEVRE. Cdt 2e Esc. Ss-Lt SCHERER. Ss-Lt HAVEZ. S-Lt DE BOUARD. Aspirant DENJEÂN
2e Groupe d’Escadrons Chef d’Escadrons MICHON. Sous-Lieutenant SCHLUND, Adjoint.
3e Escadron A. M.D. Lieut. DE CARINI, Cdt 3e Esc. Ss-Lieut. ASROUL. Ss-Lieut. D'AQUIN. Ss.Lieut. BOUCHER. Adjdt-Ch. HAUQUEL. 4e Escadron Motocycliste Cap. DUDOGNON, Cdt 4e Esc. Lieut. CHARIES. Ss.-Lieut. ZOUIEFF. Ss-Lieut. BRENIER. Adjt-Ch. POULAIN.
3 SEPTEMBRE 1939
A partir de 17 heures, la France
se trouve en état de guerre avec l’Allemagne.
5 SEPTEMBRE 1939
Le Sous-Lieutenant CAPET.
Officier de Renseignements. victime d’un accident (chute dans un
escalier) le 4 septembre.
est évacué sur
l’Hôpital de Verdun.
10 SEPTEMBRE 1939
Le capitaine DEVOUGES venant du
Dépôt, prend le Commandement du 3e Escadron.
Le Lieutenant DE CARINI, les
fonctions d’Officier de renseignements.
Le Régiment change de
cantonnement et s’installe
— Etat-Major et E.H.R.. à
HEIPPES ;
1er Groupe d’Escadrons, à
SAINT-ANDRE ;
2e Groupe d’Escadrons, à
DEUXNOUDS.
2 SEPTEMBRE 1939
Le Régiment change de
cantonnement et va s’installer :
— Etat-Major et E.H.R., à
MOUILLY ;
— les deux Groupes d’Escadrons,
à HAUDIOMONT.
13 SEPTEMBRE 1939
Dans la soirée. le
Régiment quitte ses cantonnements et s’installe :
E-M. et E.H.R., et 2 Groupe
d’Escadrons, à HERMEVILLE ;
1er Croupe d’Escadrons, à
BRAQUIS.
19 SEPTEMBRE 1939
Au cours de l’après-midi,
le Régiment quitte ses cantonnements pour prendre ceux de DIEUE
pour I'E.M., l’E.H.R. et le 2e Escadron ; du Fort de GENICOURT pour le
reste du Régiment.
22 SEPTEMBRE 1939
Le 2e Croupe d’Escadrons, l’E-M.
du 1er Groupe et le 1er Escadron s’installent au cantonnement de
MOULAINVILLE.
28 SEPTEMBRE 1939
Par décret du 20 septembre
1939 (Journal Officiel du 25-9-1939, page 11.774) est nommé dans
l’arme de la Cavalerie (Réserve) au grade de Sous-Lieutenant
pour prendre rang du 10 octobre 1939 M. DENJEAN (Henri-Antoine-Adrien)
, Aspirant au 6e Régiment de Cuirassiers.
2 OCTOBRE 1939
Par suite du départ du 4e
R.D.P., le 2e Groupe d’Escadrons s’installe au cantonnement de
GENICOURT : le 1er Escadron rejoint le reste du régiment
à DIEUE.
14 OCTOBRE 1939
L'E-M. du 1er Groupe d’Escadrons
et le Escadron quittent Dipur pour s’installer au cantonnement de
GENICOURT.
16 OCTOBRE 1939
Le Sous-Lieutenant PUSEL prend
les fonctions d’Officier d’Approvisionnement en remplacement du
Lieutenant ROBERT, renvoyé au Dépôt.
17 OCTOBRE I 939
Le Régiment fait mouvement
pour aller occuper les cantonnements suivants :
E-M. et E-H-R..
VILLE-SUR-COUSANCES ;
1er Groupe d’Escadrons à
JULVECOURT ;
2e Groupe d’Escadrons, à
JUBECOURT.
10 NOVEMBRE 1939
Le Régiment, alerté
au cours de la nuit, fait mouvement vers le Nord par CLERMONT,
VARENNES. RETHEL. pour aller cantonner :
E-M. du Régiment et
E.H.R., à SOIZE ;
E-M. du 2e Groupe et 3e Escadron,
à LISLET ;
E-M. du 1er Groupe et 1er
Escadron, à MONTCORNET.
Les Escadrons motocyclistes (2e
et 4e) embarqueront le 11 novembre à VERDUN pour faire mouvement
par voie ferrée.
11 NOVEMBRE 1939
Le Régiment se porte dans
la région de CAMBRAI et cantonne en entier à
SAINT-HILAIRE-LEZ-CAMBRAI.
12 NOVEMBRE 1939
Les escadrons motocyclistes
débarquent en gare de RIEUX.
14 NOVEMBRE 1939
Le Régiment fait mouvement
et cantonne en entier à FRESNES-SUR-ESCAUT.
16 NOVEMBRE 1939
Le Sous-Lieutenant de
Réserve SCHLUND, affecté à la Mission
Française de Liaison auprès de l’Armée Britannique
par Note du G.Q.G. N 61 55 FT/EM du 11 novembre 1939, quitte le
Régiment. A été mis en route sur sa nouvelle
affectation le 16 novembre 1939.
22 NOVEMBRE 1939
Le régiment fait mouvement
en entier et cantonne a SAINT-HILAIRE-LEZ-CAMBRAI.
2 DECEMBRE 1939
Le Colonel LAFEUILLADE prend le
commandement par intérim de la 13e Brigade Légère
Motorisée. Le Commandement provisoire du Régiment est
assuré par le Chef d’Escadrons MICHON, du 1er au 3
décembre par le Chef d’Escadron DE FERRON, du 4 au 11
décembre inclus.
ORDRE DU JOUR DU COLONEL
Officiers, Sous-Officiers,
Brigadiers, Cavaliers du 6e Cuirassiers,
Je quitte le Régiment que
je commandais depuis près de cinq années. Ma peine est
grande de ne pas rester au milieu de vous pour vous mener au combat,
pour vaincre avec vous.
Vous ne m'avez Jamais donné que des satisfactions ; par votre ardeur au travail, votre énergie, votre belle humeur, votre tenue, votre discipline. Vous avez fait du 6 Cuirassiers, un Régiment d‘élite auquel vous êtes fiers d ‘appartenir. Je vous adresse mes remerciements émus avec la conviction que pour défendre le Pays, tous, vous saurez faire noblement votre devoir.
P. LAFEUILLADE
Aux Armées, le 2
décembre 1939.
4 DECEMBRE 1939
Le Chef d’Escadrons DE FERRON,
rentrant de permission, prend provisoirement le commandement du
Régiment à la date de ce Jour.
2 DECEMBRE 1939
Le Colonel DARIO, nommé au
commandement du 6e Cuirassiers, prend, à la date du 2
décembre 1939, le commandement du Régiment.
13 DECEMBRE 1939
ORDRE DU REGIMENT N° 82
0fficiers, Sous-Officiers.
Brigadiers, Trompettes du 6’.
Je salue votre Etendard, symbole
d’un glorieux et lointain passé. J’en prends fièrement la
charge. Confiant dans votre patriotisme, votre courage et votre
résolution, je vous promets d’employer de tout cœur tous les
moyens qui sont en mon pouvoir pour maintenir vivante la tradition
lourde d’honneur d’un des Régiments les plus nobles de la
Cavalerie Française.
DARIO.
Aux Armées, le 13
décembre 1939.
16 DÉCEMBRE 1939
Le Lieutenant de Réserve
BOUTHEROUE-DESMARAIS, placé en affectation spéciale,
quitte le Régiment. Rayé des contrôles du Corps ce
jour, rejoint le Dépôt de Guerre de Cavalerie N° 6.
26 DECEMBRE 1939
Le Lieutenant de Réserve
BRISAC arrive du Dépôt avec un renfort comptant cinq
Sous-Officiers (dont un Adjudant) et cent hommes de troupe.
14 JANVIER 1940
Alerté dans la nuit du 14
au 15 janvier, le Régiment quîtte son cantonnement de
SAINT-HILAIRE-LEZ-CAMBRAI pour se rendre à QUAROUBLE
(Frontière belge>. Le T. R. reste à SAINT-HILAIRE.
15 JANVIER 1940
Le Régiment est
arrivé à QUAROUBLE le 15 janvier vers 3 heures du matin.
16 JANVIER 1940
Le Régiment reçoit
dans la marinée l’ordre de rejoindre en entier le cantonnement
de SAINT-HILAIRE. Arrivée au complet à
SAINT-HILAIRE-LEZ-CAMBRAI vers 16 heures.
17 JANVIER 1940
Les Sous-lieutenants de
Réserve BRENIER et BOUCHER sont promus au grade de Lieutenant de
Réserve à compter du 25 décembre 1939 par
Décret du 11 janvier 1940 (Journal Officiel du 14-1-40, page 366)
22 JANVIER 1940
Le Sous-lieutenant de
Réserve HAVEZ (Camille) du 2e Escadron, est mis en route sur
RENNFS pour y accomplir un stage d’observateur en avion.
(Exécution des prescriptions de la Note N’ 15.939 FI/AV du
G.Q.G. en date du 13-12-39.)
24 FEVRIER 1940
Le Capitaine Roux est muté
à l'Etat-Major de la 1re B.L.M. par Ordre de mutation n°
10.276 FT/EM du 18 février 1940 du G.Q.G. des F.T.
29 FEVRIER 1940
Le Capitaine DELARUE, inscrit au
tableau spécial de la Légion d’Honneur (J, O. du 4
janvier 1940, page 96), est décoré ce jour au B. C. de la
Division à CAUDRY.
1er MARS 1940
Le Sous-Lieutenant de
Réserve ETIENNE (Bernard), affecté au Corps par ordre de
mutation 1016 S/I du C. C. en date du 19-2-40. arrive au
Régiment ce jour et est placé au 1er Gr. d’Escadrons
comme Officier Adjoint au Chef d'Escadrons.
10 MARS 1940
Le Capitaine Roux (Jacques)
à son retour de permission quitte le 6e Cuirassiers et rejoint
sa nouvelle affectation.
22 MARS 1940
Par ordre de mutation n° 1563
S/I en date du 20 mars 1940, du Corps de Cavalerie, le Capitaine
DEVOUGES est nommé au commandement du 1er Groupe d’Escadrons.
24 MARS 1940
Par ordre n° 16.564 FT/CA du
G.Q.G. en date du 11 mars 1940, M. le Chef d'Escadrons DE FERRON
(Hervé-Marie-Joseph) est affecté au 7e Groupe de
Reconnaissance du IVe C. A.
27 MARS 1940
Le Régiment en entier fait
mouvement dans la journée du 27 mars pour aller cantonner :
— Etat-Major et E.H.R. à
LIGNY-LES-AIRE ;
— 2e Groupe d’Escadrons, à
LINGHEN ;
— 1er Groupe d’Escadrons,
à WITTERNESSE.
Départ de
SAINT-HILAIRE-LEZ-CAMBRAI à 6 heures du matin. Arrivée
dans les nouveaux cantonnements vers 13 heures.
31 MARS 1940
Les mutations suivantes sont
prononcées à dater du avril 1940 :
— Le Capitaine LELIEVRE prend le
commandement du 3e Escadron, en remplacement du Capitaine DEVOUGES.
— Le Lieutenant DE CARINI prend
te commandement du 2e Escadron, en remplacement du Capitaine LELIEVRE.
— Le Lieutenant BRISAC prend les
fonctions d’Officier de Renseignements, en remplacement du Lieutenant
DE CARINI.
— Le Sous-Lieutenant ETIENNE
prend les fonctions d’officier de Transmissions, en remplacement du
Capitaine ROUX.
3 AVRIL 1940
Le Régiment en entier fait
mouvement dans l’après-midi du 3 avril pour aller cantonner :
— P.C. du Colonel à
E.H.R., à STEENBECQUE ;
— 1er 1/2 Régiment : LES
CISEAUX et LA BELLE-HOTESSE ;
— 2e 1/2 Régiment,
à BOESEGHEM.
7 AVRIL 1940
Le Capitaine BRUN est mis en
route ce jour sur le Dépôt de Cavalerie n° 8 à
BEAUNE (détaché). Exécution des prescriptions de
la Note n° 8430/I N.E. du G.Q.G. en date du 26 mars 1940.
Le Lieutenant MORE prend le
commandement provisoire de l’Escadron Hors-Rang à la date du 7
avril 1940.
28 AVRIL 1940
— Par Décret du 27 avril
1940 (J.0. du 27-4-40, pages 3067 et 3068) sont nommés, à
compter du 25 mars 1940 au grade de Lieutenant de Réserve, les
Sous-Lieutenants :
ETIENNE (Bernard-Francis-Jean)
MAISEL
(André-Jérônie)
ZOUIEFF (Boris)
4 MAI 1940
Le Capitaine BRUN,
détaché au Dépôt de Cavalerie n° 8
à BEAUNE, en exécution des prescriptions de la Note n°
8430/I du C.Q.G. en date du 26-3-40, est rentré au Corps ce Jour
et reprend le commandement de l’Escadron Hors-Rang àc ompter du
5 mai 1940.
10 MAI 1940
Le 10 mai, l’ordre de bataille du
Régiment est le suivant :
Etat-Major
Colonel DARIO, Commandant le
Régiment.
Capitaine GOSSELIN, Adjoint.
Lieutenant BRISAC, Officier de
Renseignements.
Capitaine BRUN, Commandant
l’Escadron Hors-Rang.
Capitaine BAUER, Officier
Mécanicien de la 1re D.L.M.
Lieutenant MORE. Officier
chargé du Service Auto.
Lieutenant MAISEL, Officier
Pionnier.
Sous-Lieutenant PUSEL, Officier
des Détails.
Lieutenant ETIENNE, Officier des
Transmissions, en permission.
1er Groupe d’Escadrons
Capitaine DEVOUGES, Commandant le
1er Groupe.
Sous-Lieutenant DENJEAN, Officier
Adjoint.
Lieutenant DE MONTALEMBERT,
Commandant le 1er Escadron.
Lieutenant DE VILLÈLE,
Chef de Peloton.
Sous-Lieutenant CHALIER —
Adjudant-Chef AVALLET —
Mar.-des-Logis-Ch. ENOCQ —
Lieutenant DE CARINI, Commandant
le 2e Escadron.
Sous-Lieutenant SCHERER, Chef de
Peloton.
Sous-Lieutenant DE BOUARN —
Sous-Lieutenant GABET —
Adjudant-Chef BRESSON —
2e Groupe d’Escadrons
Chef d’Escadrons MICHON,
Commandant le 2e Groupe.
Capitaine LELIEVRE, Commandant le
3e Escadron.
Lieutenant PERCEPIED, Chef de
Peloton.
Lieutenant ASTOUL —
S.-Lieutenant DACQUIN — en
permission
Lieutenant BOUCHER —
Capitaine DUDOGNON, Commandant le
4e Escadron.
Lieutenant CHARLES, Chef de
Peloton.
Adjt-Chef POULAIN —
Lieutenant BRENIER —
Lieutenant ZOUIEFF —
Le Capitaine DELARUE, Commandant
le 1er Escadron — détaché. à la date du 10 mai,
à l'E.M. de la 1re D.L.M.
Service de Santé
Médecin Capitaine THIRY,
Chef de Service.
Médecin Lieutenant AUVRAY.
Médecin Lieutenant FELIX.
Pharmacien Lieutenant ALLARD.
Dentiste Auxiliaire TKATCHOFF.
Deux Sections de 75, avec les
Lieutenants CLAVREUL et FAIVRE, du 74e d’Artillerie, sont mises
à la disposition du Régiment.
10 MAI 1940
Le 10 mai 1940, alerté
à 6 heures après avoir été
réveillé par un violent bombardement aérien, le
Régiment franchit la frontière à 10 heures du
marin (suivant le plan d’hypothèse BREDA) fournissant trois D.
D. qui le précèdent et une reconnaissance :
— D.D. 1 - Lieutenant DE
MONTALEMBERT :
Itinéraire : HONDSCHOTTE
(frontière), DIXMUDE, THOUROUT, N. de GAND. ST NICOLAS, N.
d'ANVERS. HOOGSTRATEN, BREDA, TILBURG, BOIS-LE-DUC, NIMEGUE.
— Reconnnaissance - Lieutenant
DE VILLELE :
Itinéraire : OOSTCAPPEL
(frontière). Liaison entre tes D.D. 1 et 2 et réunion au
D.D. 2 à TURNHOUT.
— D.D. 2 - Capitaine DEVOUGES :
Itinéraire : STEENWORDE,
L'ABEELE (frontière), POPE RINGHE, N. de ROULERS, THIELT,
DEVINZE, S. de GAND, TERMONDE, LIER, OOSTMALLE, TURNHOUT, EINDHOVEN,
VENLO.
— D. D. 3 - Capitaine DUDOGNON
Itinéraire : BAILLEUL
(frontière), YPRES. MENIN, COUTRAI, Sud de GAND, WETEREN,
MALINES, LIER, HERENTHALS, Canal de l'Escaut à la Meuse,
ROERMOND.
Le gros du Régiment,
aux ordres du Colonel et du Chef d’Escadrons MICHON qui commande la
réserve.
Les T.C. et T.R., aux ordres
respectivement du Capitaine BRUN et du Lieutenant MORE.
En réalité, le D.
D. 1 seul suivra son itinéraire, mais sera retardé et ne
rejoindra le Régiment que le lendemain dans la journée.
A la hauteur de Gand, une halte avait été prévue pour permettre de refaire les pleins des motocyclettes. Elle a lieu sans incident, vers midi, et te Lieutenant DE CARINI est envoyé à Gand pour prendre liaison téléphonique avec la Division et l’Armée.
Vers 17 heures, le Régiment termine le bond qui le porte au Canal AIbert. Liaison est prise à Emblen, avec la 4e Division belge et à Lier avec le 4e Corps. Le Colonel apprend que les ponts du Canal Albert sont détruits vers l’Est à partir de Turnhout : trois sur quatre des itinéraires du Régiment sont ainsi coupés. Il faut dérouter tout le régiment, sauf le D.D. 1.
Après avoir refait les pleins des véhicules avec de l’essence donnée par l’Armée belge, le D.D. 2 suivi du gros du Régiment, de la Reconnaissance et du D.D. 3 qui rejoint à Beerse, part en direction de Tilburg par Oostmalle, Merkplas et Popel.
Les passages sur le Canal
Albert sont minés et il faut désamorcer les mines avant
de passer.
La route de nuit de Oostmalle
à Tilburg est rendue particulièrement pénible du
fait de l’obscurité totale et des barrages qui ont
été établis par les Belges à la
frontière hollando-belge : arbres énormes abattus,
véhicules renversés, barricades. Il faut faire appel au
concours des habitants et de leurs chevaux pour se frayer un passage.
Tous ces retards font que le Régiment ne parvient à
Tilburg qu’à 4 heures du matin. Il n’en a pas moins couvert
près de 350 kilomètres en dix-huit heures.
11 MAI 1940
La liaison est prise
immédiatement par le Colonel avec le Colonel SCHMITT, Commandant
les forces hollandaises, et son Etat-Major. Les renseignements
donnés sont les suivants :
— 1° les Allemands
s'approchent de Bois-le-Duc, qu’ils atteindront, affirme-t-on, dans une
demi-heure ;
— 2° des avions allemands ont
atterri au terrain de Gilze et y ont débarqué des forces,
et le Colonel SCHMITT demande que nous allions les attaquer.
Au moment où un détachement va partir pour cette mission, ce Colonel SCHMITT signale que ce n’est pas à Gîlze que sont les Allemands, mais que plus de quatre cents parachutistes ont été lâchés aux abords du pont de Moerdîjk. Le Colonel décide de pousser immédiatement deux D.D. en avant dans l’intention de contrôler les renseignements relatifs à Bois-le-Duc et éventuellement reprendre la mission initiale sur Nimègue et Venlo.
Un D.D. — Capitaine DEVOUGES —
sur Bois-le-Duc.
Un D.D. Capitaine DUDOGNON — sur
Eindhoven.
Un troisième D.D. —
Capitaine LELIEVRE — sera poussé dans la journée pour
établir la liaison entre les deux premiers et engager ainsi une
action retardatrice sur un front en avant de Tilburg quand le D.D.
DEVOUGES se repliera de Bois-le-Duc.
Le Commandant MICHON et son détachement, plus un escadron du 4e D.P. (CAVALIER), sont envoyés connaître et attaquer les parachutistes de Moerdijk. Il va se heurter une tête de pont de plus de 3 kilomètres de rayon : Roodevaart - Logtenburg-Nord de Zevengerschenhoek-Lage Zwaluwe, dans laquelle les Allemands parachutistes ou gens déjà à pied d’oeuvre, mais au nombre de plus de 400, occupent solidement, avec armes automatiques, armes anti-chars et mortiers, les casemates bétonnées construites par les Hollandais.
Tout ce qu’il peut faire, en ralliant de plus ou moins bon gré des fractions hollandaises, c’est d’investir cette tête de pont et de s’opposer à tout débouché.
Le Régiment prend liaison à ce moment avec le G.R.D.I. du Lieutenant-Colonel d’ASTAFORT et le G.R.C.A. du Lieutenant-Colonel LESTOQUOI, qui atteignent et occupent les ponts.
La D.D. DEVOUGES parvient à Bois-le-Duc à 7 h. 45, où la patrouille du Sous-Lieutenant SCHERER prend contact avec un bataillon hollandais. Une foule de Hollandais reflue au cours de la matinée, spectacle peu encourageant. La patrouille SCHERER reste à Bois-le-Duc d’où elle pousse des reconnaissances et, attirée à la tombée de la nuit dans un véritable guet-apens, elle abat une A.M. lourde allemande (Maréchal-des-logis DE VISSEC) et musèle deux mitrailleuses. Au retour, elle trouve les ponts coupés par les Hollandais, qui les ont fait sauter sans prévenir. Quelques motocyclistes peuvent passer à pied mais le gros de la patrouille est obligé de chercher passages sur passages, trois sont coupés, sauf un pont en bois qu’elle finit par trouver dans la nuit. Le Sous-Lieutenant SCHERER ne pourra rentrer que le lendemain vers midi, avec tout son monde et presque tout son matériel.
Le D.D. DUDOGNON, après avoir poussé jusqu’à Bert, est attaqué à Moergestel par un détachement motorisé après un combat qui va jusqu’au corps à corps entre motocyclistes, il capture trois A.M. allemandes. des side-cars et lait sauter le pont au moment où s’y engage un camion chargé de fantassins. qui sont tous tués ou noyés. Il fait sauter les trois A. M.. ne pouvant les ramener, et rentre au Pont de Tilburg, qu’il garde toute la nuit. Il conserve deux side-cars allemands. qui suivront jusqu’à Dunkerque avec leurs excellents Bergmann fortement approvisionnés.
Pendant toute la matinée de cette journée, le PC. du Colonel, devant lequel est venu s’immobiliser un gros convoi hollandais, est très violemment attaqué à la bombe et à la mitrailleuse par l’aviation allemande et subit quelques pertes. Le Régiment reçoit sans broncher le baptême du feu aérien. Les Cuirassiers ZLING et MULLER, du peloton des pionniers se servant d’un F.M. de D.C.A., font particulièrement l’admiration de tous.
Deux tués, trois
blessés. Toute la nuit, la région est survolée par
l’aviation ennemie.
Au cours de la journée, au
T.C., une citerne d’essence est incendiée par bombardement
aérien à proximité des camions d’explosifs et de
munitions et un accident très grave est évité
grâce la bravoure et au dévouement des gradés
présents du T.C.
Tués ; Cavaliers
F...... H...... W.......
Blessés ; Brigadier
PARIZOT, Cavaliers REGEON, LEFEBVRE, Dragon NICOLAS.
Trente-cinq Citations seront
accordées pour cette journée.
12 MAI 1940
Dans la nuit, le Colonel est
prévenu par le Colonel SCHMITT que les Autorités
hollandaises vont opérer des destructions à l’Ouest de
Tilburg. Après avoir insisté pour que rien ne saute sans
son avis. il est obligé de donner l’ordre, à 4 heures du
matin, aux éléments gardant les ponts sautés, de
se replier sur la sortie Ouest de Tilburg, où il se porte avec
deux agents de liaison.
Le D.D. DUDOGNON seul, le repli assuré, repoussera une pointe vers les ponts à travers la ville. Pendant ce temps, le Capitaine LELIEVRE garde la sortie Ouest et le Capitaine DEVOUGES est placé par le Colonel auprès de l’Officier hollandais chargé de la destruction de la route, pour interdire aux Hollandais d’exécuter leurs destructions avant que tous les éléments français ne se soient repliés.
Au cours du combat sévère engagé par le D.D. DUDOGNON, le Lieutenant CHARLES est grièvement blessé à l’épaule ; mais sa patrouille a fait des prisonniers et causé des pertes sérieuses à l'ennemi, qui ne poursuit que faiblement.
Deux prisonniers de la 9e
Panzer-Division sont envoyés au P.C. de la D.L.M.
Le gros du P.C. du Colonel est
dirigé sur Meerle par Gilze ; il sera suivi des
éléments rassemblés (un Groupe d’Escadrons
environ) à la sortie Ouest de Tilburg, sous les ordres du
Capitaine DEVOUGES. Il trouvera la route défoncée par le
bombardement et encombrée de véhicules incendiés
ou abandonnés. Le D.D. LELIEVRE se repliera au contact sur la
route Tilburg-Breda en renseignant l’infanterie française dont
on a signalé l’arrivée à Breda il fera tenir par
le D.D. DE MONTALEMBERT le carrefour de Riggen et le pont de Dongen sur
le Canal Wilhelmine.
Le Colonel se porte personnellement sur Breda. Il prend contact avec le Chef de Bataillon qui vient d’y arriver et le Colonel Commandant le 38e R.I. L'lnfanterie a eu de grosses difficultés du fait des bombardements aériens elle est très en l’air. L’impression déjà acquise à Tilburg que les Allemands glissent le long de la Meuse au Nord de la route Tilburg-Breda est encore plus marquée à Breda. Elle est d’ailleurs confirmée par la patrouille DE MONTALEMBERT, qui est attaquée au pont de Dongen.
Le Colonel du 38e a demandé au Commandant MICHON de couvrir les abords Nord de Breda ; les abords Est sont couverts par le D.D. LELIEVRE.
Le Colonel confirme cette situation et donne au Commandant MICHON des ordres en conséquence ; il va rejoindre ensuite son gros par la route d'Anvers. Il le fait sous un violent bombardement, au moment où la population de Breda affolée quitte la ville. Des destructions très importantes faites à la frontière par les Belges et sur les routes par l’aviation allemande l’obligent a de nombreux détours.
A midi, les éléments restant au gros et rassemblés à Meerle vont sous le commandement du Capitaine DEVOUGES à Popel pour couvrir le Flanc-Gauche du 4e D..P. engagé face à l’Est entre Tilburg et Turnhout. Malgré une violente pression ennemie et gêné par des troupes hollandaises ou habillées comme telles, qui font le jeu des Allemands, le détachement tient ferme comme on le lui a demandé jusqu’à 21 h. 30, et couvre le décrochage difficile des dragons. Il se retire sur un point de rendez-vous qu’il ne trouve pas dans la nuit, et rejoint Oostmalle. Il retrouvera le Colonel le lendemain matin. Le PC. est venu à Wortel.
La patrouille de l’Adjudant-Chef AVALLET est partie à midi aussi pour contribuer avec les chars H de la 1re B.L.M. au nettoyage de la région de Gheel. Cette patrouille est engagée sur le Canal de Turnhout à 4 heures, et, dès le début, la voiture de l’Adjudant-Chef accompagné du Maréchal-des-Logis VUARCHEX est atteinte de deux obus dont l’un blesse grièvement le Maréchal-des-Logis.
La voiture, qui s’est jetée dans le fossé, en est sortie à l’aide de deux chars H. La Patrouille mise sous les ordres du Lieutenant DE LA MORSANGLIERE du 4e Cuirassiers, est placée en soutien du 18e Lanciers belge, à ce moment très pressé par les Allemands. Grâce à la très belle tenue de la patrouille française, les Belges, qui s’apprêtaient à se replier, se reprennent et tiennent.
Tués : Cavaliers
B...... B...... D...... B...
Blessés : Lieutenant
CHARLES, Maréchal-des-Logis VUARCHEX, FRANCART ; Cavaliers
BAERT, TRELLU.
Vingt-deux citations seront
accordées.
13 MAI 1940
Lt Colonel est à Beerse
où il prend le commandement d’un groupement Composé :
— d’un bataillon du 13e R.I.,
— du G.R. LESTOQUOI,
— du G.R, D’ARODES,
— d’une batterie de D.C.A. (1020),
— du 6e Cuirassiers.
Le Groupement tient au Nord du
Canal d'Anvers, Turnhout sur la ligne Wortel-Turnhout. en liaison
à droite avec le Groupement du Colonel DE CAUSANS, par
l’intermêdiaire d’unités belges qui tiennent Turnhout.
Dans l’après-midi, cinq avions allemands d’une patrouille de six sont abattus par la batterie de D.C.A. Dans la soirée, une poussée allemande se fait sentir au Nord de Merkplas. Un coup de main du G.R. LESTOQUOI en liaison avec le 13e R.I. réussît à faire des prisonniers, mais perd trois chars H embourbés. Des avions mitraillent un détachement du 6e Cuirassiers en route sur Wozelaar ; un cavalier est blessé en side-car ; les blindés ne souffrent pas, quoique portant de nombreux impacts.
Les Belges qui sont en liaison avec le Groupement DE CAUSANS, déjà inquiets dans la soirée, demandent du secours ; une de leur Compagnie est en difficulté au début de la nuit. Le Colonel, tout en se gardant de ce côté, décide de leur envoyer un détachement dès le petit jour et renvoie en zone plus sûre un groupe de 105 qui s’apprêtait à se mettre en batterie aux abords de Turnhout.
Blessé : Cavalier
BOSSEBOEUF.
Vingt Citations seront
accordées.
14 MAI 1940
A 1 heure du matin, malgré
les difficultés d’un décrochage au contact, l’ordre est
donné au groupement par la Division de se reporter à
l'Est et de tenir le front Saint-Lenaarts, Oostmalle. village exclu, en
liaison à droite avec le 4e D.P. Le mouvement s'exécute
sans incidents. Les D.P. ne pouvant être à Oostmalle avant
longtemps en raison de la distance à parcourir et des conditions
dans lesquelles ils auront à se décrocher, le Colonel
prend à son compte la défense d’Oostmalle, dont les D.P.
n'occuperont que les lisières Sud-Est en fin de journée.
Vers 17 heures, le 13e R.I., qui tient les abords de Saint-Lenaarts et dans la soirée les D.P. sont attaqués. Les fantassîns bloquent vite l’attaque. L’action est plus sérieuse à la droite du Groupement. Elle se complique de tirs de mitraillettes très suspects à l’intérieur des deux villages d’Oostmalle et Westmalle.
La fusillade est générale sur le front et dans toute la profondeur du dispositif quand le Colonel reçoit l’ordre de se replier sur Anvers. Bien qu’il ait demandé à surseoir jusqu’au rétablissement de la situation, le mouvement doit commencer sans délai.
Il s’exécute à partir de minutes sous la protection des patrouilles blindées du 6e Cuirassiers qui couvrent le décrochage et les arrières des unités du Groupement. La route doit sauter au Sud de Westmalle, une fois le repli exécuté ; mais le Lieutenant CORNELIUS, du Génie belge. marque une certaine impatience et le Colonel doit, pour le tranquilliser et lui interdire la destruction avant le repli de tous ses éléments, lui envoyer le Lieutenant HENNESSY, du 4e D.P., et la patrouille de l’Adjudant-Chef POULAIN.
Dix citations seront
accordées.
15 MAI 1940
Plus ou moins pressés, les
D.P., les G.R. quittent Westmalle ; le Bataillon du 13e R.I. le
traverse très en ordre et, à 3 heures du matin, lorsque
depuis une demi-heure le silence est devenu total, le 6e Cuirassiers
formant arrière-garde quitte Westmalle et fait sauter la route.
Une deuxième destruction à 6 kilomètres en
arrière sera assurée par le 13e R.I., désormais
couvert par la première.
Le Régiment arrive à Mortzel (Sud dAnvers) à 5 heures du matin. Au cours de la journée, la patrouille de l’Adjudant-Chef AVALLET rejoint le Régiment. L’ordre est donné I 6 heures au régiment de se porter dans la direction générale d’Alost et, après une marche très pénible sur des routes encombrées, les éléments du Régiment arrvent à Welle (5 un. Sud d’Alost) entre 22 heures et I heure du matin. Le village et ses abords sont bombardés par l’aviation. Le briga&er-chef ROCHEUX, jalonneur, voit Sa moto écrasée par une bombe, mais reste ‘a son poste. Attitude assez équivoque d’une population communiste et d’un curé flamingant.
T rois citations seront
accordées.
16 MAI 1940
Le détachement du
Commandant MICHON, avec les D.P. du Capitaine LELIEVRE et du Lieutenant
DE MONTALEMBERT. manque définitivement (près de la
moitié du Régiment). Le Colonel profite de la
journée pour reformer le Régiment en deux escadrons
mixtes A.M./Motos (Capitaine DEVOUGES Commandant te Groupe, le
Capitaine DUDOGNON et le Lieutenant DE CARINI Commandant les Escadrons).
ORDRE DE BATAILLE A CE JOUR
Colonel DARIO, Commandant le
Régiment.
Capitaine GOSSELIN Adjoint.
Capitaine BRUN, Commandant l'E.
H. R.
Lieutenant MORE, Officier
Mécanicien.
Lieutenant BRISAC, Officier de
Renseignements.
Sous-Lieutenant PUSEL, Officier
des Détails.
Médecin Capitaine THYRY,
Chef de Service.
Lieutenant MAISEL, Officier
Pionnier.
Médecin Lieutenant AUVRAY.
Médecin Lieutenant FELD.
Pharmacien Lieutenant ALLARD.
Dentiste Auxiliaire TKATCHOFF.
Capitaine DEVOUGES, Commandant le
1er Croupe d’Escadrons.
Sous-Lieutenant DEANJÉAN,
Officier Adjoint.
Lieutenant DE CARINI. Commandant
le 1er Escadron Mixte.
Lieutenant DE VILLELE, Chef de
Peloton.
Sous-Lieutenant GABET
—Sous-Lieutenant SCHERER —
Adjudant-Chef BRESSON
Capitaine DUDOGNON, Commandant le
2e Escadron Mixte.
Lieutenant ASTOUL, Chef de
Peloton.
Lieutenant BRENIER —
Adjt-Chef POULAIN —
Maréchal-des-logis-chef
CASSASSUS, Chef de Peloton.
Le Régiment est
alerté dans la soirée et part à 22 h. 30 pour
Raismes et Bruay en deux détachements DEVOUGES et DUDOGNON,
respectivement avant-garde des deux colonnes formées par la
D.L.M. Étape de nuit très dure, sans arrêt
jusqu’à 7 heures du matin, d’autant plus dure que la route avait
été annoncée jalonnée et balisée et
que le travail n’avait été fait que partiellement. Il en
résulte des erreurs à Oudenarde et à Tournai
où l’incendie de la ville nécessite un
déroutement. Le Régiment va se trouver, en fin de marche,
morcelé et un certain nombre de ses éléments
égarés pour plusieurs jours.
Une citation accordée.
17 MAI 1940
Dès l’arrivée,
néanmoins, et en raison de la situation dans la région du
Cateau, Le Quesnoy, Landrecies, l’ordre est donné de se porter
sur ces points.
Le D. D. DEVOUGES, de Raismes
sur Le Cateau par Solesmes.
Il pousse une patrouille du
Lieutenant DE VILLELE en coup de sonde sur Saint-Martin (13 km. Sud de
Valenciennes)
Le D.D. DUDOGNON, de Bruay sur Le
Quesnoy, Landrecies.
Une partie du PC.
égaré par la D.C.R. se rend au Cateau par Cambrai elle y
arrive au moment où quelques Allemands se font voir au Sud du
Village. Le Colonel avec une blindée essaie personnellement
d’endiguer le flot des fuyards, de remettre de l’ordre sur la route et
gagner le carrefour de Trois-Villes pour se rabattre sur Solesmes.
Pendant ce temps, quelques véhicules de son PC. sont
entraînés avec les S-Lieutenants MAISEL et BAUVIN dans une
fausse direction, ne pouvant retrouver le Régiment. Ils ne
rejoindront que le 5 juin. Il y a en particulier le camion-bureau du
Colonel, les voitures des transmissions et les sections de 75.
La situation au Cateau est lamentable, une horde de réfugiés et fuyards encombre la route et gêne toute manœuvre. La patrouille du Sous-Lieutenant GABET (D.D. DEVOUGES)., en venant de Solesmes, parvient au Cateau et arrive à Pommereuil où un bataillon vient de lâcher pied et de mettre bas les armes devant une A.M. ennemie. La voiture de tête (Mar-des-logis- chef DUBOIS) attaque une A.M. et la met en flammes ; mais elle est elle-même atteinte par le tir d’une arme anti-chars qui tue le conducteur et blesse le sous-officier. DUBOIS reste dans sa voiture et continue à se battre à la mitrailleuse. Le Cuirassier
LAMPERT peut sortir de la voiture et venir prévenir le Capitaine DEVOUGES. Le Cuirassier R. . essaie de parvenir jusqu’au sous-officier, mais il est tué par l’arme anti-chars. Ce ne sera que vers 15 heures que les Adjudants FAUBERT et TARON et le Cuirassier LAMPERT réussiront à atteindre la voiture, en retirer DUBOIS, à le ramener et à en désarmer la tourelle. Le Cuirassier LEMUID, qui était le quatrième membre de l'équipage, a disparu.
La patrouille du Lieutenant DE VILLÈLE, de retour, est envoyée à 10 heures sur Montay-Forest et Croix-Caluyau. Elle y reçoit quelques coups de canon. Le maréchal-des-logis chef DHUR a été envoyé avec sa voiture sur Inchy ; il est pris à partie par l’aviation anglaise, heureusement sans subir de pertes. Un agent de transmissions seul est contusionné.
Le D.D. du Capitaine DUDOGNON, avant-garde de gauche de la D.L.M.. arrive à Bruay à 7 h. 30. Le Chef d'Etat-Major de la Brigade, Commandant JALUZOT, lui donne l’ordre de se rendre à Englefontaine par Etreuz, Le Quesnoy.
La route est embouteillée et bombardée. A Englefontaine, deux patrouilles sont poussées en avant l’une, celle du MaréchaI-des-logis-chef CASSASSUS, sur Jolimetz, Locquignol et Berlaimont ; l’autre, celle du Lieutenant ASTOUL, sur Landrecies, pour y faire la reconnaissance des ponts, qu’elle atteint et franchit.
Le Maréchal-des-Logis MUNIER est grièvement brûlé à la figure dans son A.M. par un commencement d’incendie provoqué par l’explosion d’une mine ; il est évacué. L’A.M. du Maréchal-des-Logis BONNET est renvoyée en arrière avec des ennuis mécaniques. Le D.D. DUDOGNON passe la nuit à Englefontaine : le D. D. DEVOUGES rentre le soir à Haussy avec le PC. ; les D.P. tiennent Solesmes.
Tués : Brigadier
C....., Cavalier R......
Blessés : M.-des-L.-Ch.
CASSASSUS, DUBOIS - M-des-Logis MUNIER, DE GASQUET.
Vingt citations seront
accordées.
18 MAI 1940
La situation dans la
région Le Cateau - Le Quesnoy est toujours imprécise ;
une opération de nettoyage de la région est montée
avec les D.P. et les Chars. Deux groupements sont constitués :
un Groupement DE CAUSANS. au
Nord, avec lequel reste le Détachement DUDOGNON ;
un Groupement DE BEAUCHESNE, au
Sud, dont l’action sera couverte vers Briastres-Neuvîlly par le
Détachement DE CARINI.
Mais les Allemands, qui ont
éprouvé de la résistance sur le front de la
D.L.M., débordent déjà largement par le Nord et le
Sud, où la situation varie constamment. Au Sud,
l’opération prévue n’aura pas lieu. Le Détachement
DE CARINI est immédiatement aux prises avec les flancs-gardes de
colonnes importantes quî marchent vers Cambrai. Aux abords
d’Inchy, la voiture du Maréchal-des-Logis DE VISSEC (tireur
PIERRON) démolit une arme anti-chars, met en feu une voiture de
munitions, détruit un char moyen, immobilise un char Iourd en
lui cassant une chenille et démolit pour finir une cammionette.
La voiture de l’Adjudant-Chef AVALLET en détruit deux. Deux
chenillettes chargées d’ hommnes seront détruiles au
moment ou elles débouchent de Neuvilly. Le Lieutenant DE CARINI
disparaît au cours d'une reconnaissance qu’il exécute
à pied. L’Adjudant-Chef AVALLET n'ayant pas d'ordres se repliera
à la nuit avec le G.R.D.I. 24.
Au Nord, le Lieutenant DE VILLELE a été envoyé à 4 h. du matin pour protéger dans la région de Romeries un groupe de 75 du 74e Régiment, qui doit appuyer l’attaque projetée. Ces pièces ne tireront d’ailleurs pas de la journée. La patrouille revient vers 16 heures et reçoit un nouvel ordre pour repartir au Quesnoy, à La disposition du Capitaine DUDOGNON pour couvrir l’attaque montée par la D.L.M. Elle n'y arrive qu'à 19 heures après avoir reçu des coups de 77 d'un char allemand qui détruit trois side-cars. Deux hommes tués, un blessé. Après un décrochage difficile, la patrouille, qui ne peut pénétrer dans Le Quesnoy, cherche le PC. du Régiment, ne le retrouve pas. et reste à la garde du PC. de la Brigade à Haspres.
Le D.D. DUDOGNON avait reçu l’ordre du Colonel DE CAUSANS de patrouiller sur Landrecies (Lieutenant ASTOUL) et de tenir Locquignol (Maréchal-des-Logis-Chef CASSASSUS). Le Maréchal-des-Logis Chef CASSASSUS est blessé, son A.M. traversée par une arme anti-chars. La patrouille ASTOUL abat trois chars allemands. Cette patrouille reçoit l’ordre d’assurer la flanc-garde d’une contre-attaque de nos chars et des dragons portés en direction de Landrecies. Le D.D. passe la nuit à Preux-au-Bois.
En fin de journée, le PC. de la D.l.M. est tris violemment bombardé par avion ; des camions de munitions brûlent et sautent au carrefour voisin. Le P. C. du Régiment est à Somain (Calvaire Sud) . Des infiltrations étaient signalées au Nord et à l’Ouest du Quesnoy, ordre est reçu de faire reconnaître la direction du Quesnoy. La patrouille MARTIN, seule à la disposition du Colonel, est aussitôt envoyée par Artres et Maresches. Elle rencontre des chars et motocyclistes ennemis entre Maresches et Villers-Pol, avec lesquels elle engage un bref combat.
A la tombée de la nuit, le Colonel apprend que le P.C. de la D.L.M. a quitté Bermerain. Des voitures et des Officiers de ce P.C. passent sur la route. Aiguillé par un renseignement inexact le P.C. du Colonel se porte dans la nuit sur Monchaux, où lui avait été signalée la Brigade, puis sur la région de Walers. où il trouve à Helemes le 1er D.P. et le Général LACROIX, Commandant la 4e D.L.M.
En raison de l’embouteillage considérable des routes par un flot de réfugiés qui fuient en tous sens le bombardement, en raison de ces bombardements mêmes et des batteries qui prennent position en arrière de l’Escaut, les trains de la Division qui se trouvaient dans la région sont orientés vers le Nord-Ouest.
Le Colonel se porte ensuite à Aniche, où lui a été signalé le P.C. de la 2e D.LM. Le Général BOUGRAIN lui donne connaissance des ordres du C.C. (P.C. à Oppy). La 1re D.L.M. doit avoir son P.C. à Villers-auTertre. Le Colonel dirige ses
véhicules sur Vred et se porte à Vîllers-au-Tertre. Le P.C. D.L.M. n’est pas encore arrivé, mais les renseignements précédents lui sont confirmés (Colonel PREAUD). Dans l’après-midi le Capitaine DEVOUGES est envoyé à Villers-au-Tertre où le PC. n’est pas encore, et à Oppy. Certains éléments du Régiment rallient à Vred. Le Général commandant la 1re D.L.M. y passe ; il annonce que son PC. sera à Wallers ; il est convenu que le régiment ne bouge pas jusqu’à nouvel ordre. Grosse activité aérienne.
Avant-postes anglais aux ponts
de Vred, tenus et minés par une Compagnie écossaise.
La patrouille du Lieutenant DE
VILLELE, restée avec le P.C. de la Brigade, a reçu de
celle-ci l’ordre de se mettre à la disposition du Commandant
MARCHAL, du 18e Dragons, qui commande un groupe de Chars, Départ
à 4 heures vers Maing.
Une centaine de parachutistes descendent à l‘Est de Valenciennes - Solesmes. La patrouille continue, ne trouve rien à Famars, rien à Queranaing, rien à Artres.
Un Potez-63 est au sol, sans papiers : l’Adjudant-Chef BRESSON y met le feu. Le G.R. du Colonel ARLABROSSE passe à Trith, venant de Mons-Valenciennes. Compte rendu est fait au commandant MARCHAL, qui va se replier et rend sa liberté à la patrouille qui va à Saulzoir. Le Lieutenant DE VILLELE cherche toujours le P.C. du Régiment quand, à 19 h. 30. le Capitaine DE BOERY de I'E.-M. de la Brigade, demande deux A.M. pour aller à Iwuy où sont les D.P. Quand il revient, à 21 heures, l’A.M. du Maréchal-des-Logis D.. dans laquelle il était monté avait été détruite, D.. tué, l‘inverseur blessé. A 23 heures, l’ordre est donné au Lieutenant DE VILLELE de partir pour Denain et WALLERS où doit être le régiment. Cette patrouille rejoint le Régiment le 20, à 7 h. 15, à Vred.
Tués : Maréchal-des-logis D ..-
Brigadier P. . . - Cavalier M....
Blessés : Brigadier GENTIL
- Cavaliers RUCH, MARMAIN.
Six citations seront
accordées.
20 MAI 1940
Le Lieutenant BRISAC,
envoyé, au petit jour sur WalIers, trouve le Capitaine DE BOERY
de la Brigade, le détachement DE VILLELE et l’escadron H du
Lieutenant DE KERMADEC.
Le P.C. de la D.L.M. n’y est
pas ; DE VILLELE et KERMADEC rallient Vred.
A Ostricourt, le T.C.. aux ordres
du Capitaine BRUN a subi un sévère bombardement
aérien et a eu un blessé.
A 19 heures arrive l’ordre de
gagner Monchecourt pour participer à la défense des
passages de la Sensée. La patrouille de l'Adjudant-Chef AVALLET
rejoint avec trois voitures et confirme les renseignements
donnés sur la disparition du Lieutenant DE CARINI.
Blessés :
Maréchal-des-Logis ROUSSEL - Cavalier KOLMERSCHLAG.
21 MAI 940
Au cours de la nuit parviennent
de nouveaux ordres de la Division. Il faut tenter de pousser une
camionnette de ravitaillement sur le détachement du Colonel DE
CAUSANSvers Bermerain.
A 4 heures du matin partent les pelotons du BOUCHER et de l’Adjudant-Chef BRESSON. Ce détachement, commandé par le Capitaine CADRO, de l'Etat-Ma 1re D.L.M., reviendra vers midi sans avoir trouvé trace du Colonel DE CAUSANS.
Le Capitaine LEGRAND du G.R.D.I. 5, revient avec quatre A.M. dont trois sont inutilisables et envoyées à l'E.R.D. Il en restera une avec le Sous-lieutenant SOULAi Le Lieutenant DE CHAMPEAUX, de la 1re D.L.C., rejoint avec trois A.M.
Deux Armées françaises doivent attaquer du Sud au Nord pour tenter la liaison avec l’Armée du Nord. En vue de préciser la position et la force de I'ennemi qui a poussé de Cambrai sur Arras et au delà, la Division fait rechercher le contact en direction de Cambrai. Les ponts sur la Sensée sont coupés, sauf le pont de Hem Lenglet, où se porte le Colonel. Le Lieutenant DE VILLELE part avec sa patrouille vers l’Est de Cambrai ; l’Adjudant-Chef AVALLET, sur Paillancourt ; DE VILLELE reconnaît de fortes colonnes motorisées qui continuent à défiler en direction d'Arras. Il se heurte à de grosses flanc-gardes et a un homme tué. Les patrouilles repassent au Nord de la Sensée. Le Régiment passe la nuit à Flechain, où il est rejoint par un groupement de G.R. aux ordres du Colonel ARLABOSSE : c’est l’avant-garde de la 25e Dl. qui doit contre-attaquer.
Tué : Cavalier C.....
Dix citations seront
accordées.
22 MAI 1940
Dans la matinée, il se
produit un embouteillage considérable qui est pris partie par
l’aviation allemande au moment ou, à 9 h. 30, le Régiment
se met en route pour se porter au S.-O. d'Arras dans la région
d'Aubigny en avant-garde de la Division. Le Cuirassier G... est
tué par mitrailleuse d’avion. L’étape se poursuit par
Douai, très abîmé par bombardements ; les maisons
brûlent, les cadavres de réfugiés n’ont pas encore
été relevés.
En arrivant à Carency, la situation s'annonce assez inquiétante. Les Anglais signalent que les Allemands sont à Mont-Saînt-Eloi et Villers-au-Bois et approchent des lisières de Carency. Le Colonel se porte avec son P.C. à Souchez, où se trouve déjà le P.C. du 12e Cuirassiers.
Les éléments du
Régiment sont axés :
— la patrouille AVALLET, sortie
Ouest de Carency ;
— la patrouille BRESSON, sortie
Sud de Carency ;
— la patrouille DE VILLELE. sur
Mont-Saint-Eloi ;
— la patrouille DE CHAMPEAUX, sur
Bray.
Le P.C. et le Colonel se
transportent à l’école de Givenchy-en-Cobelle. Le Colonel
part en liaison pour rechercher la Division mais ne la trouve pas et
reste en observation au Monument Canadien, d’où l’on suit toute
la bataille. On voit en particulier les reconnaîssances de la
patrouille BRESSON qui a rejoint DE VILLÈLE, puis la prise de
Mont-Saint-Eloi à laquelle particîpent les D.P. et les
Chars (130 prisonniers)
Les patrouilles ne rentreront qu’à la nuit, en passant devant les postes anglais auprès desquels on est obligé de laisser un Officier pour éviter les méprises.
Tué Cavalier G.
Deux citations seront
accordées.
Le Régiment reçoit
l’Ordre du jour du Général BLANCHARD
Le Général
d’Armée Blanchard, Commandant la 1ère Armée, tient
à redire tous les Officiers, Sous-officiers, Brigadiers-chefs et
Brigadiers et tous les Cavaliers et Canonniers du Corps de Cavalerie et
les trois D.L.M. l’expression de son admiration.
C’est pour une grande part
grâce eux que la 1ère Armée a pu remplir la mission
difficile qui lui a été confiée.
Engagés les premiers dans
la bataille, dès le 10 mai, ifs n’ont cessé d'y prendre
part, déployant leurs belles qualités d’entrain, d’ardeur
au combat et d’initiative, faisant honneur aux traditions de leur arme.
Le Général est fier d’avoir de telles troupes sous ses ordres. Il sera heureux de leur témoigner sa satisfaction en leur décernant les récompenses qu’ils ont tant méritées.
(Signé:)
BLÀNCHARD.
23 MAI 1940
Elles arrivent vers 2 heures du
matin. Le Régiment passe le reste de la nuit à Givenchy.
A 8 heures, le Sous-Lieutenant GABET part en patrouille sur
Ablain-Saint-Nazaire, pour prendre liaison avec les Anglais et couvrir
la droite de la D.L.M.
Il y reste toute la journée et pourra descendre deux voitures de liaison allemandes et leurs équipages. Le Colonel, le P.C. et les trois patrouilles restantes se portent sous un violent bombardement aérien à Neuville-Saint-Vaast, où se trouvent la Division et la Brigade. Le bombardement tue et blesse à la sortie de Givenchy une quinzaine de réfugiés à qui le Médecin Lieutenant AUVRAY donne des soins avant de partir. Les Chars et les D.P. sont à l’attaque en avant de Neuville-Saint-Vaast. et l’Adjudant-Chef AVALLET va reconnaître la direction de Mont Saint-Eloi.
A 14 heures, repli sur Vimy (village puis briqueterie) toujours accompagné par les avions allemands. C’est là qu’on passe la nuit. Le T.C. subit un gros bombardement à Ostricourt.
Dix citations seront
accordées.
24 mai 1940
A 2 h. 30. le P.C. de La D.L.M.,
précédé par le 6e Cuirassiers se porte sur
Oignies. On va tenter de se rétablir sur le canal de la
Haute-Deule, puis de la Deule.
La patrouille de l’Adjudant-Chef AVALLET garde le pont de OIgnies, pendant que celle du Lieutenant DE VILLELE garde celui de Dourges. L’étape a été difficile, bien que peu longue ; les routes sont encombrées de réfugiés et coupées par les bombardements de la veille. Le Régiment arrive à Oignies à 5 heures. A 9 heures, l’ordre arrive de · se porter sur Houplin. On signale que les Allemands seraient à La Bassée, mais contenus par un Corps d’Armée qui tient bien. Les D.P. et les Chars tiennent le Canal de la Deule dont les ponts sautent. Le Commandant DONNET, du Génie de la D.L.M.. est blessé en exécutant cette mission ; mais il réussit en plus à incendier les péniches.
Nous allons à Houplin, puis, à 14 heures, à Radînghem. C'est avec mélancolie que le Régiment se retrouve, après quinze jours de combats ininterrompus et malheureusement avec un effectif très réduit, presque dans la région d’où il est parti l'espoir de la victoire au cœur.
Trois citations seront
accordées.
25 MAI 1940
Le Régiment reste en
état d’alerte, mais ne reçoit pas de mission. Repos d’un
jour à Radinghem.
Deux citations.
26 MAI 1940
Les deux premières
citations (Ordre de la Division) : Cuirassiers KLING et MULLER,
parviennent au Régiment.
Trois A.M. aux ordres du
Lieutenant DE CHAMPEAUX sont mises à la disposition du 3e C.A.
à Phalempin. Les patrouilles du Lieutenant DE VLLLELE et de
l’Adjudant-chef BRESSON sont sur les ponts du Canal de la Deule.
A 17 h. 15. devant le groupe moto du Maréchal-des-Logis-Chef MARTIN et sous le survol des avions allemands le Colonel DE BEAUCHESNE, Commandant provisoirement la Division, remet la Légion d'Honneur au Lieutenant DE VILLELE, la Médaille Militaire au Maréchal-des-Logis DE VISSEC, la Croix de Guerre avec palme au Maréchal-des-Logis HELIOU et au tireur GUILLOT, ainsi que les Croix de guerre à I'Ordre de la Division aux Cuirassiers KLING et MULLER.
Une citation accordée
27 MAI 1940
Au cours de la nuit à 2 h.
30. le Régiment reçoit l'ordre : de se porter sur
Petit-Mortier et Le Doulieu. On traverse Estaires en flammes et en
partie détruit. Une A.M. s'embourbe dans un chemin de terre ;
elle est désarmée et incendiée.
A midi, un détachement de la 1ère D.L.M. comprenant les équipages sans voitures et les spécialistes disponibles part pour Dunkerque aux ordres du Capitaine DEVOUGES pour embarquer, rentrer à l’intérieur et se reformer.
Le Régiment reste dans
les fermes de Petit-Mortier, Patrouille de DE VILLELE sur Steenvorde et
Saint-Sylvestre-Cappel.
Cinq citations seront
accordées.
28 MAI 1940
A 17 h. 30. le Régiment
fait mouvement sur Le Doulieu. Bombardement du P.C. par les 105
allemands.
A 21 heures, la D.L.M. ayant
conservé intact son front, mais débordée de part
et d’autre, reçoit l’ordre de se porter sur Bray~Dunes, 6e
Cuirassiers en tête.
Le mouvement s’accomplit dans des conditions extrêmement difficiles. Les troupes qui défilaient sur la route pendant la
résistance des arrière-gardes et particulièrement de la D.L.M. ont été hachées sur place par le bombardement aérien. Bailleul est en flammes : Berthen en ruines, encombré de camions brûlés. est infranchissable. Les Allemands attaquent le Mont des Cats avec un fort appui d’artillerie.
Il faut pour passer commencer
à abandonner du matériel.
A l’arrivée à
Hondschoote, où les Anglais barrent le pont du Canal, il faut
abandonner par ordre tout le reste. Le Régiment,
a pied mais en armes, est
à 13 heures au Perroquet (3 km. Est de Bray-Dunes).
Le T.C., dont le cantonnement
à Meteren a été sérieusement
bombardé, exécute le mêne mouvement.
Tué : Brigadier L.
Une citation sera accordée.
29 MAI 1940
Nuit calme au Perroquet. Les
derniers véhicules sont abandonnés après avoir
été mis hors de service.
Blessé : Adjudant-Chef
BOUBILLA.
30 MAI 1940
Dans l’après-midi, l’ordre
arrive de se porter sur Malo-Terminus, où aurait lieu un
embarquement. Route pénible parmi les amoncellements de
matériel détruit, la foule démoralisée, des
services et les pionniers débandés et les civils
acharnés au pillage.
Nuit passée dans les dunes au pied de l'hôtel Terminus, sous un bombardement intermittent de 77 qui cause quelques pertes.
Tué : Cuirassier L.
Blessés :
Maréchal-des-Logis-Chef BARNAUD - Maréchal-des-Logis
ROMAGEON - Cavalier BULCKAEN.
Quatre citations sont
accordées.
31 MAI 1940
Le Régiment est
constitué par groupe de cinquante hommes et commandés par
un Officier en vue de l’embarquement. Il recueille quelques
éléments de régiments d’infanterie
motorisée, notamment le détachement DE CHAMBRUN, du I 3e
R.I., avec qui il a déjà combattu. Il se porte dans
l’après-midi sur l'estacade de Dunkerque, où,
malgré un bombardement aérien et terrestre assez vif, il
embarque à 19 heures sans incidents sur le Basilisk, destroyer
de la Marine britannique. Voyage sans incidents antres que le spectacle
d'une grande bataille aéronavale dans laquelle la souplesse de
manœuvre du Basilisk est fort admirée. Débarquement
à Douvres à 23 heures.
Deux citations sont
accordées.
1er JUIN 1940
Embarquement pour Plymouth
à 2 heures. après un léger repos. Tenue
très digne des hommes pendant le trajet. Embarquement à
bord de l’El Mansour. Départ à 19 heures.
2 JUIN 1940
Arrivée à Cherbourg
à 3 heures du matin, voyage sans Incidents, on reste en rade
jusqu’à 14 h. 30. Après un repas servi au terrain des
sports de la Marine, le Régiment est embarqué pour
Évreux. L’ordre et la tenue des hommes sont remarqués.
Départ à 19 heures.
3 JUIN 1940
Débarquement à la
Bonneville, près d'Evreux. Cantonnement à Glisolles.
4 JUIN 1940
Glisolles. A 12 heures,
l’effectif présent est le suivant : 12 Officiers, 437 hommes de
troupe. Le détachement du Lieutenant MAISEL, égaré
au Cateau, est signalé à Gometz-le-Chatel (Sud-Ouest de
Versailles).
5 JUIN 1940
Glîsolles. Arrivée
du détachement du Capitaine DEVOUGES, à l’effectif de 3
Officiers, 93 hommes : puis du détachement du Lieutenant MAISEL,
à l’effectif de un Officier, 13 Sous-officiers, 80 hommes.
Le détachement DEVOUGES. arrivé le 27 à Dunkerque, n’a pu embarquer que le 29, subissant dans la traversée de Dunkerque trois violents bombardements aériens qui lui causent des pertes. Embarquement à 17 h. 30 sur le Sirocco.
Arrivée en rade de Douvres après un voyage sans incidents à 22 heures. Débarqué le 30 à 6 heures du matin, le Capitaine DEVOUGES doit protester véhémentement pour que son détachement ne soit pas désarmé. Le Pharmacien Lieutenant ALLARD est évacué sur train sanitaire, à bout de résistance physique et morale. Embarquement en chemin de fer jusqu'à Bovington près de Wool et cantonnement au Camp d’instructions des chars anglais. Excellente réception, mais les difficultés s’accumulent pour gagner le départ. Le Capitaine DEVOUGES est obligé d'aller à Londres le 1er Juin A l’Ambassade et à la
Mission militaire française pour obtenir son embarquement, qui a lieu sur l'Archangel, à 15 heures le 2 juin. A bord jusqu’au 4, où le détachement arrive à Brest dans la matinée. Débarqué à 12 heures, il réembarque en chemin de fer pour arriver le 5 à 16 heures et recoller au Régiment.
Le détachement du Lieutenant MAISEL, égaré le 17 mai vers Le Cateau. cherche à rejoindre le Régiment. Il forme, sous les ordres du Sous-Lieutenant BAUVIN. de l'aviation, un poste de D.C.A. qui abat un avion volant bas (déclarations concordantes de nombreux témoins). Le maréchal-des-Logis HELIER. tireur d’une mitrailleuse Hotchkiss, paraît être l’auteur de ce fait d'armes. Le détachement pousse sur Cambrai, où il retrouve des voitures du Régiment : passe à Bapaume. Il part le 18 pour Amiens : le 19 à Meru ; puis Beauvais ; puis Rainvillers (indiqué par la 7e Armée comme le lieu de regroupement de la
D.L.M. En fait, il s’agit
d’une D.C. Le 20, le détachement est à Puiseux-en-Bray ;
le 21, étape par Gisors. Dangu, La
Roche-Guyon, Freneuse,
Bonnières, Illiers-la-Ville ; le 22 à
Givry-la-Forêt.
Le 24 aux environs de
Monthléry,en cantonnement à Gometz-le-Chatel.
Malgré tous les efforts et les démarches des Officiers,
aucune nouvelle ne peut être donnée des gros de la D.L.M.
Le 5 juin, le détachement renseigné par
téléphone rejoint le régiment à Glisolles.
6 JUIN 1940
Glisolles.
7 JUIN 1940
Le Capitaine DELARUE quitte le
Régiment pour aller former dans la région de
Montlhéry un quatrième escadron destiné à
la lutte contre les parachutistes. Il emmène deux chefs de
peloton (Sous-Lieutenant GABET, Adjudant TARON), cinq chefs de voitures
et cinq conducteurs A.M.
Le P.C. du Colonel, l’Escadron Hors-Rang à effectif réduit, un Groupe d’Escadrons Mixte aux ordres du Capitaine DEVOUGES, les escadrons aux ordres des Lieutenants de VILLELE et BRISAC formés des équipages de deux pelotons A.M. et deux pelotons motos, sont enlevés en camions à 16 heures pour la région N-O. de Chevreuse par Ivry-la-Bataille, Houdan, Cernay-la-Ville, Chevreuse. Arrivée à 20 h. 30. L’effectif est de 12 Officiers et 388 hommes de troupe. Le reste du Régiment, avec les Lieutenants MORE, MAISEL et le Médecin Lieutenant FELD, est maintenu à Glisolles.
8 JUIN 1940
Le reste du Régiment est
arrivé au complet dans la matinée. A 8 h. 15. le Colonel
procède à une remise de Croix de
Guerre dans le Parc de l'Abaye de
Vaumurier, aux Gradés et Cavaliers du Régiment (Ordre
n° 17 de la Décision du 8 juin 1940).
9 JUIN 1940
Le régiment doit percevoir
30 moto-sides "Gnome-et-Rhône" 57 moto-sides ‘‘Indian", des
camionnettes, des T.O. 202, 3 cuisines roulantes, des motos et
ultérieurement 6 A.M.D. "Panhard". A 17 h. 30, le
Régiment perçoit 20 sides Gnome-et-Rhône’’, 1
camionnette sanitaire, 1 voiture à viande. Le reste du
matériel sera perçu dans la nuit, sauf les A.M.D. qui ne
seront perçues, au nombre de 5, que le lendemain, heureusement
complets et freins parés grâce au Capitaine HIBOUST,
ancien du Régiment.
10 JUIN 1940
L'ordre de bataille du
Régiment est le suivant :
Echelon de Combat
DARIO, Commandant le
Régiment.
Capitaine GOSSELIN, Adjoint.
Capitaine BRUN, Commandant
l’E.H.R.
Sous-Lieutenant PUSEL, Officier
des Détails.
Medecin Capitaine THIRY, Chef de
Service.
Medecin Lieutenant AUVRAY.
Dentiste Auxiliaire TKATCHOFF.
Chef d‘Escadrons DEVOUGES,
Commandant le 1er Groupe.
Lieutenant DE VILLELE, Commandant
le 1er Escadron Mixte.
Sous-Lieutenant SCHERER, Chef de
peloton.
Adjudant-Chef BRESSON, Chef de
peloton.
Adjudant-Chef AVALLET, Chef de
peloton.
MaréchaI-des-Logis-Chef
DHUR, Chef de peloton.
Lieutenant BRISAC, Commandant le
2e Escadron Mixte.
Lieutenant BOUCHER, Chef de
peloton.
Sous-Lieutenant DENJEAN. Chef de
peloton.
MaréchaI-des-Logis-Chef
MARTIN, Chef de peloton.
Deuxiême Echelon
Lieutenant MORE, Commandant le 2e
Echelon.
Lieutenant MAISEL, Chef de
peloton.
Médecin Lieutenant FELD.
Mouvement sur Septeuil, puis sur
Breteuil. Au cours du déplacement, bombardement par l’aviation.
Un cavalier passager de side-car est blessé à la main
dans la traversée de Bailleul.
En cours de route, le Régiment reçoit l’ordre de se porter sur la route Conches-Breteuil. Le Lieutenant MORE suit le Régiment. Le détachement du Lieutenant MAISEL reste à Millon-la-Chapelle.
Blessé : Cavalier
CAVIGLIONI
11 JUIN 1940
Un ravitaillement en essence est
fait pendant la nuit avec les plus grandes difficultés de
mouvement. Les routes sont encombrées de réfugiés
avec de grandes charrettes attelées de chevaux et de tracteurs
agricoles, de fuyards sans armes des nombreux Services de la
région de Paris et des Régiments régionaux,
pionniers, etc...
Atmosphère de panique, au point que l’Adjudant FAUBERT, passant en side, est à demi assommé par une bande de militaires pour avoir lancé un coup de phare.
Au jour, le Régiment
fait mouvement sur Saint-André-de-I’Eure, où rejoignent
les cinq A.M.D. Panhard, et Le Plessis.
Les Allemands ont passé la
Seine, en particulier aux Andelys et à Vernon (sur bateaux
pneumatiques, au dire des prisonniers). La 1re D.L.M. a son PC.
à Le Plessis et ses éléments de D.P. devant
Pacy-sur-Eure, en liaison à droite avec la 2e D.L.M. et sans
liaison à gauche. Un bataillon du 236e R.I., qui tient le bois
de Pacy-sur-Eure, doit venir à la gauche de la Division
dès sa relève par les D.P. et boucher le trou en prenant
liaison à Autheuil-sur-Eure avec les autres
éléments de son Régiment (237e D.I). Les
patrouilles De VILLÈLE et AVALLET sont immédiatement
poussées dans ce trou, direction de Cocherel. L’escadron moto du
Lieutenant BRISAC doit tenter d’atteindre Rouvray et pousser des
patrouilles vers Autheuil-sur-Eure.
La patrouille AVALLET se heurte à des armes anti-chars et à des canons de 77, et la voiture du Maréchal-des-Logis V... est atteinte par un obus de 37 explosif : il tue le sous-officier, le tireur Brigadier P... et blesse l’inverseur ; celui-ci, le Cuirassier FOURNIER, ramène sa voiture en marche inverse. Le canon et la mitrailleuse sont inutilisables, la voiture est dirigée sur un atelier.
Le P.C. du Régiment est à Le Plessis et est gardé par un peloton moto (Adjudant-Chef BRESSON) et un groupe moto (Lieutenant BOUCHER). La 1re D.L.M. monte en liaison avec la 2e une attaque en forêt de Pacy, avec les D.P. et les Chars. Cette attaque réussit pleinement, mais cause des pertes sérieuses aux Dragons. L’ennemi laisse entre nos mains une trentaine de prisonniers, dont un Officier et un Aspirant. Il a eu de lourdes pertes en tués et blessés. Les prisonniers sont spécialement fatigués étant venus à pied et sans repos depuis Aix-la-Chapelle. Ils n‘ont eu de vrais combats, disent-ils, qu’avec la Cavalerie.
Tués :
Maréchal-des-Logis DE V..- Brigadier P...
Blessé : Cavalier FOURNIER.
Trois citations seront
accordées.
12 JUIN 1940
Au cours de la matinée,
l’Escadron BRISAC, qui, la veille, n'a pu atteindre l’Eure, essaie de
se maintenir à Hardencourt ;
mais cette localité, située dans un fond exposé aux vues et aux coups, est sévèrement bombardée par l’artillerie. Le Lieutenant BRISAC reporte sa défense à Boncourt, où il est rejoint par les Chars H du Lieutenant DE LA MORSANGLERE
(4e Cuirassiers). Sa gauche est découverte, et le S.-Lieutenant SCHERER est axé sur Cerisay et Gauciel pour le couvrir dans cette direction. Ce dernier ne pourra se maintenir qu’à Gauciel. L'escadron BRISAC subit une très forte attaque, préparée par l’Artillerie ; l’action se prolonge pendant toute l’après-midi ; par ses feux et soutenu par les chars, il cause des pertes très lourdes à l’ennemi. Malgré ses propres pertes et un bomberdement incessant, il se maintient jusqu’à la tombée de la nuit et ne décroche que sur ordre, sous la protection des Chars, alors qu’il est presque entièrement encerclé. Cet escadron va tenir Caillouet, où est le Lieutenant DE VILLELE ; puis il est replié sur Le Haut Boisset pour se regrouper. Il est à peu près entièrement pied, ses side-cars ayant été en grande partie détruits dans Boncourt. A la nuit, la 2e DL.M. est relevée au Nord de l'Eure par une Division coloniale et se reporte en arrière. La 1re D.LM. décroche ses éléments pour se porter à Maillebois (25 km. S-O, de Dreux).
Le Régiment est obligé de se porter d’abord sur le Haut Boisset pour ramasser l’escadron BRISAC dont les hommes sont embarqués dans toutes les places disponibles sur les camionettes et sur les side-cars des pelotons BOUCHER et BRESSON qui sont chargés à trois hommes.
Tué: Cavalier P...
Blessés :
Maréchal-des-Logis-Chef ENOCQ - Maréchal-des-Logis
PRUVOST - Brigadier-Chef MARNAY - Brîgadier DELOGE - Cavaliers
SALAMITE, LEPEZ, VITOUX, WILLEM, CORBISET, BURONFOSSE, FLARY, NEVEU,
MAGARA, THOMAS.
Cinquante-sept citations
seront accordées.
13 JUIN 1940
On arrive à Maillebois
à 5 heures du matin.
L’ordre est donné dans la
soirée de se porter sur Saint-Lubbin-de-Cravant. Départ
à 24 heures. Arrivée à 4 heures du matin.
14 JUIN 940
A midi, le 6e Cuirassiers fait
mouvement de la droite à la gauche de la Division sur
Saint-Victor-sur-Avre, où il établit
la liaison avec la 4e D.P. à Vemeuil. Des patrouilles sont aussitôt envoyées sur Breteuil, sur L’Aigle, sur Rugles. Elles ne rencontreront pas l’ennemi ; mais, à 23 heures, le Régiment est alerté pour revenir en hâte à Saint-Lubbin-de-Cravant, les Allemands ayant passé l'Avre après un engagement très vif avec le 12e Dragons.
L’Escadron DE VILLELE est
poussé en avant.
Il était
déjà arrivé à Saînt-Lubin quand le
Colonel prend liaison, à Brezolles, avec le Colonel commandant
la Brigade. Le P.C. de la D.L.M. est déjà parti.
La Division a l’ordre de se reporter au Sud. Le Colonel doit couvrir le repli des Dragons et former l’arrière-garde avec le 6e Cuirassiers et les chars du 4e Cuirassiers.
Le 12e DP. est en train de se décrocher. Une demi-heure après son passage à Brezolles, et après avoir fait prendre de l’avance aux chars H. le Régiment quitte le village à 3 heures. suivi par les chars S.
15 JUIN 940
Il arrive à 8 heures vers
Remalard (Château de Guilbaud) par Senonches et
Moutîer-aux-Perches. Dans la soirée, des mouvements
allemands sont signalés le long et au sud de l’Avre, dans la
direction de l’Est à l’Ouest, ainsi que des infiltrations
ennemies vers Senonches. Le 6e Cuirassiers et les chars H sont
envoyés sur cette localité tenue par le 1er D.P. de la 2e
D.L.M. pour reconnaître la situation et entraver ces mouvements.
Le Régiment ne peut y arriver qu’à la nuit tombante. Des patrouilles aussitôt poussées en avant atteignent d'une part Louvillers et trouvent les Allemands à Crucey, d’autre part Le Boulay, en direction de La Sarcelle. Des cavaliers allemands sont reconnus dans la forêt de Senonches et à La Framboîsière, mais ne peuvent être attaqués sous bois par nos A.M. A 2 h. 15, le Régiment reçoit l’ordre de rentrer à Guilbaud. Les patrouilles se décrochent sous le feu, mais sans trop de difficultés.
Le 1er D.P. reste Senonches.
Nuit calme à Guilbaud.
16 JUIN 1940
La Division donne l’ordre
d’envoyer des patrouilles dans la région de Bretoncelles et de
Nogent-le-Rotrou, pour chercher la liaison avec la 2e D.L.M. qui se
serait repliée dans la nuit.
Ces patrouilles — une sur Nogent-le-Rotrou, une sur Condé-sur-Huynes, une sur Moutier-aux-Perches — partent à 8 h. 15 et un contreordre arrive trop tard pour quelles puissent être rappelées. Quand, à 18 heures, le Régiment fait mouvement sur La Chapelle-Montligeon (Basilique Expiatoire) puis à 21 h. 30 sur Noce, le Lieutenant BRISAC est à Condé-sur-Huynes en attendant sa relève par les D.P. Le Lieutenant DE VILLELE est à Nogent-le-Rotrou. L’Adjudant-Chef AVALLET rejoint à La Chapelle-Montligeon.
Blessé : Cavalier
VENANT.
Douze citations seront
accordées.
17JUIN 1940
L’Escadron BRISAC a rejoint au
petit jour.
Le D.D. DE VILLELE qui est
à Nogent-le-Rotrou envoie deux patrouilles en direction de la
Madeleine et de la Louppe.
Près de Bretoncelles, la
voiture du Mar-des-Logis BRIOT a attaqué au canon, à 600
et à 800 mètres, deux A. M. allemandes qu’il abat toutes
les deux : mais il est obligé de se replier en raison des
infiltrations d'infanterie à droite et à gauche. Cette
Infanterie progresse en direction de Nogent-le-Rotron, et le Lieutenant
DE VILLELE ne cesse de signaler le danger qui se dessine de ce
côté. Les Allemands approchent de la gare et un violent
combat s’engage avec le peloton de l’Adjudant-Chef BRESSON, qui a pu
repérer le mouvement de l’observatoire qu’il a installé
dans un batiment élevé. Ayant subi de lourdes pertes, les
Allemands n'insistent plus de ce côté. Le
Maréchal-des-Logis PERRIN et son tireur le Brigadier LAURENS ont
réduit au silence une arme automatique. Nos
éléments sont à bout de munitions, mais ont la
joie d’avoir accompli jusqu’au bout leur mission et
sévèrement puni l'Allemand en lui prouvant que la
Cavalerie tient toujours et solidement.
Malgré les avertissements du Lieutenant DE VILLELE, et sur la foi d’un renseignement signalant les Allemands à Bellème, c‘est vers l’Ouest que le 6e Cuirassiers reçoit l’ordre de se porter ; c’est à 18 heures que le Régiment reçoit l'ordre de se porter hâtivement de la droite la gauche de la Division, vers Saint-Cosme-de-Vair et Maîsonneuve. Les Allemands progreseraient vers Bellème. Le 12e D.P. doit participer à ce mouvement. On doit tenir la position jusqu’à 21 heures.
Des patrouilles sont poussées dans les directions signalées dangeureuses. Les renseignements donnés antérieurement étaient
inexacts, le Commandant DE
MONTFERRAND, du 11e D.P., en particulier a passé une
journée parfaitement calme à Bellème,
sans aucun contact avec l’ennemi.
Mais le 12e D.P. a eu le plus
grand mal à se décrocher en plein jour et passe avec
retard et ayant perdu pas mal de tués et de blessés, et
ce n’est qu’à 22 heures que le Régiment, faisant
arrière-garde de la colonne Ouest de la Division, repart en
direction du Mans pour arriver à Coulaines à 1 heure du
matin. Arrêt en position défensive : l’Escadron BRISAC sur
la route de Beaumont, DE VILLELE sur la route de Bonnetable.
Dix citations seront
accordées.
18 JUIN 1940
Le Colonel prend avec son
régiment des chars H et S. Il reçoit la mission de tenir
les 18 et 19, pendant que le reste de la D.L.M. se replie en
arrière de la Mayenne.
Le Groupement du Colonel DARIO
ne doit pas repasser la Mayenne avant le 19 à 21 heures.
Immédiatement, des
patrouilles sont poussées en direction Nord et Ouest, et la
partie lourde du P.C. est renvoyée au Sud-Ouest du Mans,
à Saint-Georges-du-Bois. A 11 h. 15, le Groupement se porte au
Sud du Mans : la traversée de la ville s’exécute à
allure lente et comme un défilé, pour montrer qu’il
existe encore heureusement des troupes disciplinées.
Le Colonel et le P.C. avec trois chars S sont à Saint-Georges-du-Bois. Le Capitaine DE VIEVILLE avec les autres chars S à Saint-Georges-du-Plain ; l’Escadron BRISAC à Paypruille. L'Escadron DE VILLELE en surveillance des lisières Sud-Ouest du Mans.
Les Allemands, qui avaient débordé Le Mans par par l’Ouest avec des chars et des camions de troupe, ne tardent pas à attaquer mais ils tombent sur les chars de VIEVILLE, qui les arrêtent brutalement. Toutefois, on sent partout des infiltrations et des débordements. Un bond est ordonné jusqu'à Louplande. Le Capitaine CADRO, de l’E-M. de la D.L.M., apporte à 16 heures l’ordre de se porter vers l’Ouest, sur Craon et Pouancé ; une fois de plus le Régiment va se porter de la droite à la gauche de la Division, mais le bond cette fois est de 115 kilomètres, les Allemands ayant atteint Laval. Les motos et les chars ne peuvent faire un tel parcours sans un ravitaillement en essence. Il sera possible d’en trouver au Lion-d'Angers. Au moment où, les ordres donnés, le Régiment va quitter Louplande, un 77 monté sur char lourd commence à prendre le village à partie par le Nord. Il a dû filtrer entre l’Escadron BRISAC et le P.C. du Colonel.
Le Maréchal-des-Logis GASPARD, agent de liaison, est alors envoyé pour essayer de passer et donner l’ordre de modifier son itinéraire au Lieutenant BRISAC. Il exécute sa mission ayant l’idée fixe de chars ennemis à éviter. Au moment où il regagne la grand’route, il tombe nez à nez sur un char, canon pointé dans sa direction. "Ce sera, dit-il, la plus belle peur de ma vie. " Il fonce tout de même, passe, et s'aperçoit que c’est un char anglais déchenillé et abandonné.
Après une halte à Noyen pour regrouper tout le monde, le Régiment s’arrête à Sablé-sur-Sarthe et va faire de l’essence à Juigné, où un train est abandonné. Après les pleins, et ne pouvant mettre le feu au train à cause des habitations voisines pleines de réfugiés, les vannes sont ouvertes.
Après une marche de nuit pénible qui nous conduit vers minuit à Segré, l’Escadron DE VILLELE est envoyé à Pouancé, l’Escadron BRISAC à Craon ; le Colonel et son P.C. vont à Chatelaîs.
Trois citations seront
accordées.
19JUIN 1940
A 5 heures du matin, le
Lieutenant BRISAC signale des éléments blindés se
dirigeant vers Craon. Dès le premier contact,
il est débordé et
obligé de se reporter en arrière en faisant de l’action
retardatrice en direction de Segré. Il arrive au carrefour de
Saint-Quentin mais les Allemands y sont déjà et un combat
très vif s’engage avec feux de mousqueterie, d'armes anti-chars
et de 77. Deux agents de liaison, revenant du P.C. du Colonel, tombent
au même endroit sur l’ennemi et disparaîssent. Le P.C.,
menacé à courte distance, se porte à Bel-Air, sur
la route Segré-Pouancé. où il recueille l’Escadron
BRISAC. Le Lieutenant DE VILLÈLE, débordé lui
aussi à Pouancé, se reporte sur Loiré ; l’ennemi,
qui marche visiblement N.-Est/S-Ouest vers Ancenis, suit de
près. Un G.R. se fait prendre deux voitures de personnel. Dans
le mouvement de repli qui conduit de nombreuses unités de
l’antre côté de la Loire, une colonne moto de G.R. a
entraîné des motocyclistes du Lieutenant BRISAC que suit
le Lieutenant DE VILLELE, croyant suivre le Régiment.
Il ne reste plus avec le Colonel que quatre A.M. et un groupe moto. L’Adjudant-Chef AVALLET est maintenu à la sortie Sud-Est de la Loire, et le Maréchal-des-Logis BRIOT est poussé à la sortie Est de Candé. Ce dernier arrive aux lisières de la ville, au moment où en sortent deux pelotons motocyclistes ennemis. Il les attaque aussitôt à la mitrailleuse. Les Allemands laissent une dizaine de corps sur le terrain et n'insistent plus. Le P.C. se porte alors au Nord de Villemoizan.
Le Capitaine CADRO. de l'Etat-Major de la D.L.M., qui y rejoint le Colonel à 14 heures, lui transmet l‘ordre de tenir dans la même situation jusqu’à 15 h. 30 et de se replier sur les ponts de la Loire en couvrant les éléments de la Division. Le PC. du C.C. et de la D.L.M. sont déjà au Sud du fleuve.
Comme il y a deux ponts dans le secteur, le Colonel décide de passer au pont de Montjean, avec la patrouille BRIOT, et envoie le Commandant DEVOUGE5 pour passer le dernier au pont de Chalonnes. Celui-ci est avec la patrouille AVALLET et recueille les derniers éléments du 12e D.P. en prenant un camion en remorque. Il reçoit du Lieutenant MARTINSSANE de l'Etat-Major, l’indication de ne pas se servir de ce pont. qui ne peut supporter que 3 tonnes et qui doit sauter. Le Commandant DEVOUGES rejoint le Colonel au Pont de Montjean à 17 heures. La défense du pont est organisée avec les blindés sur la rive Nord ; elle est fortement organisée sur la rive Sud par le G.R. D’ARODES. Un lieutenant du Génie est prêt à le faire sauter.
Une heure après le passage des derniers éléments, à 18 h. 30. Les chars H, puis les chars S se présentent au pont sous un feu violent d’armes anti-chars et de 77. Ils passent le pont suspendu à allure et aux intervalles prescrits, sans qu'aucun char n'augmente l'allure, et ils défilent comme la parade quoique trois chars soient touchés. Le Colonel DARIO et le Commandant DEVOUGES passent à pied avec les derniers "Somua" et à 19 h. 05 le pont saute. Le Régiment s’arrête au château de Plessis-Beauvau. Le Colonel. par Note de Service, est désigné comme adjoint du Colonel DE BRAUER, commandant la défense de la Loire, Le Commandant DEVOUGES prend le commandement du Régiment.
Le T.C. du Capitaine BRUN, qui
a rameuté le détachement DE VILLELE perdu depuis le
matin, rejoint au château.
Nuit calme.
Quatrecitations seront
accordées.
20 JUIN 1940
La D.L.M. doit se porter au Sud,
précédée par le 6 Cuirassiers qui assurera en
outre la flanc-garde droite. Route sans incidents,
précédée par un détachement BRISAC.
P.C. à L'Absie ; BRISAC
à La Châtaigneraie ; DE VILLELES en fin de mission de
flanc-garde à Fontenay-le-Comte.
21 JUIN 1940
Pour couvrir la D.L.M. vers
l’Ouest, le 6e Cuirassiers reçoit l'ordre de pousser des
patrouilles en direction de Nantes-Roche-serviere et La Roche-sur-Yon.
DE VILLELE remonte de Fontenay-le-Comte et se porte à Mortagne, d’où il pousse vers Nantes jusqu’à Clisson. BRISAC va aux Herbiers et prend liaison téléphonique avec les gendarmes de Montaigu, qui ne signalent pas d’ennemis. Le PC. du Régiment est à La Trique, 5 km. de Mortagne, gardant la direction de Cholet, où les Allemands sont signalés. Toutes les municipalités et autorités locales sont nerveuses et voudraient obtenir que nous ne nous battions pas, pour éviter les représailles. Elles sont vivement remises à leur place.
Deux agents de transmissions du Lieutenant BRISAC, perdus le 19, retrouvent te Régiment (Brigadier-Chef BOCHEUX et cavalier WAIBEL).
Le Lieutenant BOUCHER, Officier de liaison à la D.L.M., apporte 12 h. 30 l’ordre de se reporter vers l’Est, à Airvault, les allemands étant signalés vers Saumur. L’ordre est donné de rassembler à Bressuire, où on pourra faire les pleins d’essence. Le Régiment y arrive à 13 h. 30. puis à Airvault à 15 heures, où on ne nous attendait pas avant le soir. L’ordre est donné de tenir Mirebeau (25 km. Est de Airvault). Six chars S sont mis à la disposition du Commandant DEVOUGES pour cette mission.
L’Escadron BRISAC s’y porte le premier, suivi par Ies chars, et est rejoint à 20 h. par le PC. et l’Escadron DE VILLELE.
C’est un gros village perché sur une colline. Trois bouchons sont établis sur les itinéraires dangereux, la liaison prise avec les D.P, à Frontenay ; mais toutes tes infiltrations sont possibles.
La population et les
réfugiés mosellans sont antipathiques. La nuit se passe
calme néanmoins.
22 JUIN 1940.
Des patrouilles sont
poussées dès le petit jour par I'Escadron BRISAC en
direction de Loudun ; elles ne signalent rien, quand à 10
heures, un observateur monté sur le château d’eau
repère une importante colonne motorisée en marche de
Loudun sur Mirebeau (6 chars, 40 sides, 40 camions) Cette colonne est
attaquée à 800 mètres par les chars S. mais tls
défenseurs de Mirebeau sont attaqués à courte
portée par des mîtraillettes et en arrière par des
mortiers. On a très nettement l'impression que les gens du pays
n’y sont pas étrangers.
Le détachement se replie sur la Dive, mais reçoit quelques instants plus tard l’ordre de renvoyer les chars S et de tenir Craon. DE VILLELE est à Craon, BRISAc à Jarzay ; ce sont deux points difficiles à défendre et d’où il est à peu près impossible de sortir.
A 11 h. 15, des A.M. allemandes attaquent à Jarzay, blessant le Maréchal-des-logis PORET, chef de voiture et son inverseur.
L’Escadron BRISAC se replie sur le P.C. du Régiment. Le Commandant DEVOUGES décide d’évacuer Craon, qui est une souricière, et de reporter toute la défense à Assais, où est un escadron de D.P.
La Division rappelle le 6e Cuirassiers à Aubigny et fait envoyer immédiatement des patrouilles sur Thenezay et La Ferrière.
Les renseignements concordent
: les Allemands passent en masse sur la route en direction
générale de Parthenay.
Arès avoir, par des
patrouilles, cherché la route libre en direction de Niort, c’est
finalement à Saint-Maixent que passe la D. L.M.,
précédée par le 6 Cuirassiers. C’est un vrai jeu
de cache-cache entre les Allemands et nous, et la Division
réussit
à traverser, la nuit, Saint-Maixent vers le Sud, alors que les Allemands venaient de le traverser allant vers l’Ouest. La D.L.M. passe le reste de la nuit à Lezay. Le T.C., qui a pu se dégager, perd deux voitures de ravitaillement envoyées à Poitiers.
Blessés :
Maréchal-des-Logis PORET - Cavalier PETIT-PRETRE.
Une citation sera accordée.
23 JUIN 1940
Repli en arrière de la
ligne Poitiers-Ruffec.
La radio annonce la demande
d’Armistice. Nous aurons été les derniers à nous
battre dans cette partie de la ligne.
Arrivée à La
Coterie à 8 heures, d’où nous repartons à 19
heures pour arriver à 21 h. 30 A Saint-Cybardeau (N-O.
d'Angoulême).
24 JUlN 1940
Deux patrouilles — DE VILLELE et
BRISAC — sont prêtes à partir à 4 heures vers
l‘Ouest, en direction de Cognac, pour situer l’ennemi. Contre-ordre
à 3 h. 45, et toute la D.L.M., se replie vers le Sud-Ouest,
précédée et flanc-gardée par le 6e
Cuirassiers (quatre A.M. et trois pelotons motos).
Arrivée à 11 heures à La Roche-Chalais. A 17 heures, la patrouille du Maréchal-des-Logis BRIOT repart vers le Nord-Est, ne trouve rien devant elle mais signale que les Allemands poussent vers Montmoreau.
25 JUIN 1940
A 0 h. 35, les hostilités
sont suspendues.
ORDRE GENÉRAL N° 1
Officiers, Sous-Officiers,
Brigadiers-Chefs, A Trompettes et Cavaliers du 6e Cuirassiers,
En ce jour de tristesse où
l’adversité nous oblige à abandonner la lutte pour la
défense de la Patrie pour laquelle vous aviez juré de
faire le sacrifice de votre vie, j’ai le devoir de vous dire
l’admiration que j’ai ressentie et que tout le Pays ressentira pour les
actions admirables que Vous avez accomplies.
Malgré les trahisons
d’alliés félons, malgré les défections
intérieures, vous avez mené le combat sans
défaillance.
Vous avez enrichi le Livre d’Or
de notre Régiment d'actes d’héroïsme jamais encore
réalisés. On vous a demandé des missions
surhumaines, avec un courage surhumain vous les avez remplies
intégralement.
Quelles que soient les conditions que nous impose l'ennemi, partez la tête haute. Conservez les traditions de discipline et d’amour de la Patrie qui ont été vos guides.
La 1re D. L. M., si elle n’a
pas pu obtenir la Victoire, a sauvé l’Honneur.
Nous ne sommes pas des vaincus.
Cardez des âmes de vainqueurs.
Vive la France
Aux Armées, le 25 Juin
1940.
Le Chef d’Escadrons DEVOUGES
Commandant prov. le 6e Rgt de
Cuirassiers
FAITS D’ARMES
DU 6e RÉGIMENT DE CUIRASSIERS
PREMIER CONTACT
10 mai 1940, le 6e Cuirassiers
fonce sans arrêt pour chercher le contact le plus loin possible
en avant de la 1re D.L.M.
Le 11 mai 1940, à 3 h. 30 du matin, le détachement dont fait partie la patrouille du Sous-Lieutenant SCHERER arrive à Tilburg, fait les pleins d’essence et repart sur Bois-le-Duc, où le Sous-Lieutenant SCHERER arrivera à 7 heures du matin,. Après avoir passé la matinée à Vught, faubourg de Bois-le-Duc, le Sous-Lieutenant SCHERER reçoit l’ordre de rejoindre dans Bois-le-Duc un Chef de Bataillon hollandais, de le rassurer par la présence de la patrouille blindée et de l'empêcher d'abandonner la position.
Sans qu’on puisse préciser la situation des Allemands, de eux Hollandais se replient et très vite, à bicyclette, en moto, en camion, en voitures à cheval. Le Chef de Bataillon déclare que les Allemands sont sur la rive Nord du Canal ; mais il ignore si les ponts existent toujours ou non, et il demande à la patrouille de pousser à 5 kilomètres à l’Est de Bois-le-Duc, le long du canal. La mission est remplie ; mais, au retour à Bois-le-Duc, l’affolement est devenu total : quelques coups de mortiers viennent de tomber, et le Chef de Bataillon, qui se déclare encerclé, demande à la patrouille d’aller à Michel-Saint-Gestel, où sont signalées des blindées ennemies.
En pleine nuit, à 22 h. 30, la patrouille est à 800 mètres N.-O. de Saînt-Michel ; la route est encaissée, bordée de bois, des fusées partent, des cyclistes vont et viennent, l'obscurité est presque totale. Le Sous-Lieutenant SCHERER veut profiter d’un arrêt de ses blindées qui n’y voient presque rien, pour les faire précéder de motocyclistes à pied mais, au moment où les motocyclistes mettent pied à terre, la blindée de tête(Maréchal-des-Logis DE VISSEC) repart : la deuxième blindée doit la suivre, ainsi que le groupe moto. A peine 500 m plus loin, au moment où la blindée amorce un virage sur le pont d’un ruisseau à l’entrée de Saint-Michel, elle est attaquée à 15 mètres par une A.M. lourde ennemie qui barre le pont, encadrée de deux mitrailleuses. Plusieurs balles explosives de mitrailleuses de 20 m/m l’atteignent, mais ne traversent pas le blindage. La riposte est immédiate et efficace : trois 25 immobilisent la blindée allemande, qui ne tirera plus.
Les mitrailleuses à
terre continuent à tirer, mais sont muselées par les
mitrailleuses des deux voitures.
En reculant en marche inverse
dans la nuit, une blindée écrase le side-car du chef de
patrouille, et le side de l'agent de transmission est détruit
par un projectile ennemi.
La patrouille se replie jusqu’à Vught ; mais, les hollandais ayant lâché pied, les fusées jaillissant de partout sur la gauche et en arrière, accompagnées de détonations de mortier, le Sous-Lieutenant SCHERER décide de se replier sur Tilburg. La route est effroyablement encombrée par les cyclistes, les autos, les voitures hippomobiles, les chevaux en liberté. Un cheval lié à un caisson ayant fait un écart, se jette devant la blindée du Maréchal-des-Logis DE VISSEC, qui l’écrase mais est projetée contre un arbre où elle brise une roue.
Elle est immédiatement désarmée et mise hors de service. Equipage, armes et munitions prennent place dans la deuxième blindée et les side-cars, et le mouvement continue dans un embouteillage de plus en plus dense.
Il est plus de minuit quand la patrouille arrive au pont de Tilburg, pour constater que les Hollandais l’ont fait sauter prématurément et sans en prévenir les défenseurs. Le chef de patrouille décide de rechercher un autre passage vers l’Ouest et part à travers champs. Quelques motocyclistes et le Maréchal-des-Logis HEU qui se sont égarés reviennent au pont et, après des difficultés considérables, réussissent à passer à pied le long des poutres de béton brisées et immergées mais incomplètement coupées. Pendant trois heures, la patrouille marche à travers champs, cherchant un passage. Le deuxième pont qu'elle trouve est détruit ; elle en voit deux autres sauter sous ses yeux. La marche est de plus en plus pénible ; chaque side-car porte quatre ou cinq hommes ; l’un d’eux, sa boîte de vitesse complètement ouverte, refuse maintenant tout service. A 3 h. 30, enfin, grâce à un cavalier parlant la langue (Cavalier VANHUYSBERGHE), deux soldats hollandais indiquent un pont qui ne serait pas sauté. Effectivement, ce pont en dos d’âne, en bois, mais miné, est gardé par des Hollandais d’un côté, cavaliers d’un G.R. de l’autre.
Les premiers font des difficultés pour laisser le passage : il faut désamorcer les mines qui barrent le pont, et la patrouille finit enfin par passer.
Le Sous-Lieutenant SCHERER se rabat alors sur Tilburg, où les Hollandais le dissuadent d’emprunter la route Tilburg-Breda (elle est, disent-ils, détruite par le bombardement aérien) par où il voulait passer pour tenter de rejoindre le Régiment.
Passant alors par un chemin plus au Sud, et par un long détour de plus de 50 kilomètres, il rejoint le Régiment avec sa patrouille exténuée, à 11 heures, à Meerle.
PREMIERES PRISES
Le 11 mai 1940, à 5 heures
du matin, un détachement de découverte, parti de France
la veille, arrive à Tilburg, en Hollande, après une
étape de plus de 300 km.
Le Capitaine DUDOGNON commande le détachement ; il reçoit l’ordre de surveiller et de tenir la route qui part de Tilburg vers Morgestel et Eîndhoven.
A 21 heures, les Hollandais,
qui se replient vers Tilburg, annoncent l’approche de l’ennemi.
Le Capitaine DUDOGNON installe
sur la route, derrière le pont qui franchit le Canal Wilhelmine,
deux autos-mitrailleuses, quelques motocyclistes, et fait rechercher
l’Officier chargé de faire sauter le pont.
23 heures ; l’Officier hollandais a été retrouvé ; il vient à peine de mettre le feu, que trois blindées et trois side-cars allemands débouchent.
Lancés grande vitesse, ils franchissent le pont : celui-ci saute seulement lorsqu’un camion allemand, qui suit les premiers éléments, s’engage dessus. Tous les passagers sont tués ou noyés.
Le pont traversé, la première blindée allemande, qui marche à grande allure, accroche la première auto-mitrailleuse française, celle du Maréchal-des-Logis DE LA VARENDE, passe, écrase deux side-cars français qui avaient été rangés vides le long de la route, mais est percée et arrêtée à coups de canon par le Maréchal-des-Logis GAULTIER, chef de la seconde auto-mitrailleuse française.
La deuxième voiture allemande est une blindée lourde à huit roues. Elle a suivi exactement la première elle recule mais elle trouve sur son chemin de retour la voiture du Maréchal-des-Logis DE LA VARENDE, qui la stoppe à bout portant.
La troisième voiture allemande, qui s’est arrêtée aussitôt après le pont, tire dans la nuit ; bientôt son équipage met pied à terre, rejoignant les motocyclistes qui l’accompagnaient et ce qui reste des équipages des deux premières voitures.
Les motocyclistes
français interviennent ; le Maréchal-des-Logis MARTIN qui
les commande, le Brigadier-chef MARNAY,
les Cavaliers ABRAHAM, LAVIGNE,
BOSSEBOEUF se battent au corps à corps, dans la nuit, même
à coups de poing.
Quelques Allemands
réussissent à s’enfuir ; mais, à 23 h. 30, le
bilan est magnifique :
- de notre côté,
presque aucune perte (2 side-cars écrasés) ;
- du côté de
l’ennemi ; 20 Allemands, au moins, tués ou noyés, deux
Allemands blessés, qui sont transportés à
l’Hôpital de Tilburg ; deux Allemands prisonniers ; trois A.M.
allemandes détruites ; un side-car allemand détruit ;
deux side-cars allemands capturés qui viennent remplacer ceux
que la blindée allemande avait écrasés,
UN ÉQUIPAGE
Le Brigadier-chef Radio HELIOU,
le Conducteur LECRAND, le Tireur GUILLOT et le Brigadier FIEUZAL,
Inverseur deuxième radio, constituent l’équipage de la
blindée 23 du 6e Cuirassiers.
Ce sont quatre amis qui depuis
longtemps travaillent en commun et à l’unisson.
Le 17 mai 1940 leur patrouille
était aux abords du Quesnoy. Coupée d’elle à la
nuit tombante par le flot des réfugiés dont les attelages
couvraient les chemins et les routes, ils s’égarent et, ne
sachant quelle direction prendre, se dirigent par la route de Solesmes
sur Cambrai.
Vers 21 h. 30, à l’entrée de la ville, la voilure se présente devant une forte barricade tenue par de l’infanterie. Le Boche est tout près et l’équipage se met aussitôt à la disposition de l’Officier pour coopérer à la défense ; l’équipage va veiller ainsi toute la nuit au milieu des coups de mitraillettes.
Le jour arrivé, le Chef de Bataillon leur expliquant que Cambrai est cerné, leur demande d’aller reconnaître la nationalité de deux compagnies de mitrailleuses qui tirent sur nos artilleurs. La voiture part, fanion déployé, comme il était de coutume pour éviter toute méprise mais elle est immédiatement accablée d’une pluie de balles. Elle riposte aussitôt. Par le feu et par les obus de 25 tirés à 400 mètres dans les fenêtres de deux maisons transformées en véritables nids à mitrailleuses, en un quart d’heure de combat l’équipage fait taire les AIlemands qui payent cher ce contact. Sa mission remplie, le Brigadier-Chef, chef de voiture, s’arrête à un carrefour pour appuyer la défense des fantassins mais, cible trop facile pour l’artillerie, il est obligé de se replier en protégeant le petit détachement d’infanterie qui le gardait. La journée se passe combat et reconnaissances. L’équipage profite de tous ses moments de liberté pour chercher à retrouver son peloton. La nuit tombée, les méprises commencent, et successivement la blindée essuie le feu d’une A.M. française qui heureusement manque son but, puis d’une blindée anglaise qui fait de même, fort heureusement sans plus de résultat.
C’est alors que, le 20 mai, la voiture rencontre une patrouille du 12e Cuirassiers commandée par un Adjudant. Cette patrouille
partie d'un détachement
commandé par le Lieut. VALAT.
La deuxième patrouille de
ce détachement vient de laisser sur le terrain une
auto-mitrailleuse. HELIOU va aussitôt essayer de la
récupérer ; mais l'ennemi est là, et c'est sous un
feu violent de mitrailleuses que le Brigadier-Chef arrive à
côté de l’A.M. restée, portes et volets ouverts. Le
Brigadier FIEUZAL, sans instant d’hésitation, descend et va en
reconnaître l’état. Il trouve l'inverseur tué,
écrasé sur son volant ; en faisant le tour la voiture, il
trouve un autre cuirassier blessé, couché presque sous le
plancher. La 23 fait feu de toutes ses armes pour protéger
l’opération. FIEUZAL, aidé du Lieutenant VALAT qui vient
d’arriver en side-car, remonte le blessé dans la voiture, prend
la place du conducteur et après des manœuvres difficiles
parvient à ramener l’A.M. sur la route et à la reconduire
dans sa patrouille.
Le détachement allemand
qui tentait de s’opposer à l’action a subi des pertes
sévères.
L‘équipage qui vient de
regagner une voiture française, a du même coup
détruit deux voitures de liaison allemandes, incendié un
camion, fait sauter un canon avec ses munitions, mitraillé de
nombreux servants.
Lorsque. quelques jours plus tard, dans les Flandres, le chef voiture et le tireur recevaient des mains de leur Général la croix de Guerre, le tireur GUILLOT disait simplement à son Capitaine " Ce n’est pas à moi d’être décoré, FIEUZAL le mérite plus que moi. "
UN AUTRE ÉQUIPAGE
Le 10 mai 1940 à 10
heures, la blindée 6 du 6e Cuirassiers franchit à son
poste la frontière franco-belge.
Elle a pour équipage :
le Maréchal-des-Logis DE
VISSEC, chef de voiture ;
le Brigadier PIERRON, tireur ;
le Conducteur LOUALE ;
l'inverseur FOURNIER.
Trente-six heures plus tard, son,
compteur, comme tous ceux du Régiment, marque 350
kilomètres de plus.
Elle est à Bois-le-Duc en
Hollande. La patrouille du Sou Lieutenant SCHERER dont elle fait partie
vient d’être envoyée par le Commandant hollandais à
quelques kilomètres au S.O. de Saint-Michel-Gestel. où
des engins allemands sont signalés
La blindée est en tête de patrouille, en plein bois, au milieu de cyclistes qui refluent, dans une nuit noire que percent à intervalles rapprochés les fusées blanches qui signalent l'avance allemande ; on entend sur la gauche des détonations de mortiers.
Tout d’un coup, un tournant de route, un pont sur un petit canal, une série d’éclairs, et la voiture est frappée d’une rafale de mitrailleuse de 20 m/m et d’une pluie de balles. La riposte est immédiate sur la grosse silhouette noire d’une A.M. lourde allemande à huit roues qui barre le pont, encadrée de deux mitrailleuses à terre. Au deuxième coup de 25, la blindée allemande est muette, quelques rafales de mitrailleuses ont raison des armes a terre. Pendant que les motos font leur travail reconnaissance, les voitures se remettent hors de portée, en surveillance. Le chef de patrouille, fixé, remmène son monde et, sur une route enténébrée et encombrée de Hollandais en panîque se dirigeant vers Tilburg par tous les moyens mécaniques. et uestres, un cheval se jette sous les roues de la blindée ; il est écrasé, mais celle-ci, déportée dans un fossé contre un arbre, ~se une roue. Elle est désarmée, mise hors d’usage, puis abandonnée. Elle est payée.
Le 18 mai, l’équipage a une autre voiture. C’est la bataille du Cateau. La patrouille de l’Adjudant-Chef AVALET tombe à Inchy sur une colonne allemande motorisée. Les deux voitures attaquent immédiatement à la mitrailleuse et au canon, et, pendant que le Brigadier-Chef KOSCIELNY tire avec une voiture sur le personnel, DE VISSEC tirant au canon met en feu une voiture de munitions et démolit une arme anti-chars au moment elle se mettait en batterie. Une demi-heure plus tard, DE VISSEC rencontre un char moyen allemand et en deux obus cloue au sol ; il l’achève de deux autres coups. Sans désemparer, DE VISSEC et son équipage continue sa surveillance ; mais cette fois il tombe sur trois chars lourds allemands, arrête premier en lui coupant une chenille et continue à coups de canon à démolir son train de roulement pendant que les deux autres se replient sans même riposter.
Certain de sa victoire, l’équipage poursuit sa mission et détruit une camionnette dont elle met les passagers hors de combat à la mitrailleuse.
Le 26 mai 1940, le Maréchal-des-Logis DE VISSEC reçoit, pendant que le canon tonne dans les Flandres et que les Anglais détruisent deux camions embourbés, la Médaille Militaire et tout son équipage est proposé pour la même récompense.
Le 11 juin, DE VISSEC et son équipage viennent de toucher la veille une voiture neuve. Près de Pacy-sur-Eure, leur mission les porte sur Cocherel. Après avoir passé sous le nez d’une batterie de 77 qui les poursuit de ses coups, entrant dans le village ils réduisent au silence à coups de canon et de mitraileuses, des mitraillettes allemandes tirant des fenêtres d’une maison. Deux heures, ils patrouillent dans le village, contenant l’avance ennemie. C’est alors que DE VISSEC, repérant une arme anti-char, l’attaque au canon ; mais, pour s assurer de sa victoire, reste trop longtemps arrêté, et le chef de patrouille voit soudain la voiture revenir en inverseur pendant que le conducteur, sortant par la tourelle, apprend la mort de VISSEC.
Le Maréchal-des-Logis DE VISSEC et le Brigadier PIERRON venaient d’être tués par un obus de 37 explosif, et l’inverseur FOURNIER, grièvement blessé au dos et au bras, bravement, sans se plaindre, ramenait sa voiture endommagée et ses camarades tués.
L’équipage avait lutté jusqu’au bout. Il avait à son actif, reconnu d’une façon certaine : une A.M., deux chars (un moyen, un lourd) une voiture de munitions, une camionnette de personnel, une arme anti-char.
DEUX JOURS DANS LA
MÉLÉE
Le 17 mai 1940, le
Maréchal-des-Logis LUCAS fait partie d’une patrouille d'AM.
commandée par ie Maréchal-des-Logis-Chef CASSASSUS. A 6
heures du matin, il arrive à Englefontaine. Il patrouille toute
la journée en forêt de Mormal.
Le lendemain 18 mai, à 8 heures, le Maréchal-des-Logis LUCAS reçoit l’ordre de partir en reconnaissance vers le Sud, sur la route de Landrecies.
Peu avant d’arriver à
Landrecies, il trouve des artilleurs qui lui signalent la
présence très proche de l’ennemi.
Le Maréchal-des-Logis
LUCAS continue à avancer, mais avec prudence, et, quelques
minutes plus tard, après un tournant de route, il voit à
peine à 200 mètres un camion rempli de fantassins
allemands ;de huit coups de son canon de 25, le
Maréchal-des-Logis LUCAS le détruit complètement.
Le Maréchal-des-Logis LUCAS revient à Englefontaine et rend compte de l’exécution de sa mission mais il doit aussitôt repartir vers Landrecies pour protéger le repli des artilleurs.
Arrivé à la hauteur des artilleurs, il aperçoit des fantassins ennemis qui se glissent dans un bois, le long de la route ; il les mitraille pendant que les artilleurs exécutent leur mouvement, puis revient à Englelontaine où il reçoit l’ordre de continuer la surveillance de la route de Landrecies.
Moins dune heure plus tard, le Maréchal-des-Logis LUCAS aperçoit un char allemand qui s’avance de Landrecies vers Englefontaine ; il le laisse approcher, et quand il est à peu près à 400 mètres, il tire sur lui avec son canon de 25 ; le char allemand riposte, mais LUCAS tire plus juste ; sa voiture n’est pas touchée, tandis qu’au cinquième obus le char allemand se tait et s’immobilise définitivement.
Toute la soirée, toute la nuit du 18 au 19, le Maréchal-des-Logis LUCAS demeure en surveillance entre Englefontaine et Preux-au-Bois.
Le 19 mai à 3 heures du matin, il reçoit l’ordre de se replier sur Louvignies et de s’y installer à la sortie Ouest. Dès le début de l’après-midi, c’est une violente canonnade, les Allemands attaquent et débordent le village.
A 20 heures, le Maréchal-des-Logis LUCAS est presque complètement encerclé ; il cherche à sortir du village en empruntant un petit chemin rural mais, à peine a-t-il fait 500 mètres, qu’il tombe nez à nez avec un char ennemi. Malgré la fatigue, le Maréchal-des-Logis LUCAS est toujours sur ses gardes : à bout portant il détruit le char ennemi, ayant que celui-ci n’ait même tiré.
La nuit tombe ; il n’y a presque plus d’essence dans les réservoirs de l’auto-mitrailleuse ; après avoir été obligé de faire de nombreux détours, le Maréchal-des-Logis LUCAS arrive enfin au Canal de l'Escaut. devant Denain que tiennent les troupes françaises.
Le Maréchal-des-Logis LUCAS n’a plus une goutte d’essence ; c’est avec son démarreur qu’il réussit à faire les derniers cinquante mètres. Il a sauvé sa voiture.
Pour le Maréchal-des-Logis LUCAS, le bilan de ces deux journées des 18 et 1 9 mai 1940 est magnifique : grâce à son courage, à sa vaillance, grâce à la bravoure, à l’endurance des Cavaliers WAUQUIER. BERTHELOT et LEPEZ, qui formaient l’équipage de son auto-mitrailleuse, le Maréchal-des-Logis LUCAS a, sans prendre un instant de répit, mitraillé l’infanterie ennemie, permis le repli d’artilleurs français, détruit deux chars et un camion rempli de fantassins allemands.
UNE RECONNAISSANCE
MOTORISÉE
10 Mai 1940. L’alerte est
donnée à 6 heures. Les Allemands attaquent la Hollande. A
Oostcapelle, le nez à la frontière depuis un mois, la
reconnaissance du Lieutenant DE VILLELE est prête, les hommes
gonflés à bloc, tout te monde connaît la mission,
une belle mission de Cavalerie Le plus vite et le plus loin pour
prendre contact avec les avant-gardes allemandes et les arrêter. "
On l’attendait, ce jour, le voici. Un dernier coup-d’oeil aux armes et aux voitures, et... " Moteurs en route ,. Dans le vacarme joyeux des moulins qui tournent rond, à 10 heures la frontière est franchie, à 22 heures la reconnaissance est aux portes de Turnhout, et le 11 mai à 4 heures en Hollande, à Tilburg, à 300 kilomètres de son point de départ.
A 7 heures, partie en tête du Détachement du Commandant MICHON qui va attaquer des parachutistes lancés au pont de Moerdijk sur la Meuse, la reconnaissance est au Nord de Breda, à 9 heures.
A 10 heures, les Hollandais, affolés, signalent des milliers de parachutistes ; la reconnaissance continue, ne trouve rien à Tete ringen, ni à Terheidjen, et, poursuivant sur Gaete et Lage ZwaIIuwe, arrive à l’embouchure de la Meuse où elle est accueillie par des coups de feu. Le combat s’engage, tout de suite très vif. Une compagnie de Hollandais qui devait tenir les casemates bétonnées, mais inoccupées de la tête de pont de Moerdijk, y a trouvé tes Allemands solidement installés et a subi de grosses pertes. Ils occupent de même le passage à niveau de Zevenbergshenhoek où arrive sous le feu le Sous-Lieutenant GABET avec sa patrouille en soutien des Hollandais qui ne sont nulle part où ils devaient être. Le Sous-Lieutenant GABET riposte vigoureusement, garde le contact et empêche les Allemands de déboucher.
A la nuit, après de nombreux coups de sonde dans toutes les directions possibles, toujours arrêtés par le feu violent des Allemands, DE VILLELE, suivant les ordres qu’il avait reçus, se replie. Le bombardement aérien n’a pas cessé depuis le matin. Le Commandant de détachement a reçu mission de garder Breda pour s’opposer à l’avance ennemie qui glisse le long du Canal Wilhelmine. Les routes sont impraticables, la reconnaissance utilise de nuit des chemins de terre. Les bombardements aériens continuent, la reconnaissance augmente ses distances, mais rien ne l’arrêtera, et, 4 heures, elle rejoint à Breda le Commandant MICHON.
Les ponts au Nord ne sont plus utilisables. La mission du détachement est terminée. Le Commandant MICHON donne l'ordre de se porter sur Oostmalle.
Les A.M. ne pouvant pas passer sur la route Breda-Oostmalle, coupée par les entonnoirs, la reconnaissance utilise la route Breda-Anvers et à Westrnalle, à 13 heures, rejoint le PC. du Colonel. Le détachement du Commandant MICHON en cours de route a reçu une nouvelle mission.
Le Colonel veut connaître la situation exacte à Welde et Ravels, au N-E. de la position qu’il a mission de tenir ; c’est encore la reconnaissance DE VILELE qui va exécuter cette nouvelle mission, qu’elle remplit tout en protégeant pendant la nuit entière le décrochage du G.R.C.A. 2 et du G.R.D.I. 5.
Ce n’est que le 14 mai à 7 heures que le Lieutenant DE VILLELE rallie le détachement du Capitaine DEVOUGES, qui constitue le gros du 6e Cuirassiers.
Depuis quatre-vingt-seize heures sur pied, sans repos, la reconnaissance DE VILLELE a parcouru 500 kilomètres dont 250 en combattant sous les bombardements incessants de I'aviation allemande et sous le feu des troupes à terre.
Elle a rempli sa mission et
largement accompli ce qu’on attendait d’elle.
NOS AGENTS DE TRANSMISSIONS
MOTOCYCLISTES
Le 21 mai 1940, 15 heures, la
patrouille du Lieutenant DE VILLELE franchit te pont de Hern-Lenglet
sur la Sensée (c’est le seul qui reste) et va reconnaître
les abords de Cambrai. Il dénombre une importante colonne
motorisée sur la route Cambrai-Arras (67 véhicules) ; il
faut que ce renseignement parvienne rapidement. Le
Maréchal-des-Logis PERRIN, agent de transmission, file par
l’itinéraire suivi à l’aller. Attaqué par des
forces supérieures, de Lieutenant DE VILLELE se replie, arrive
à Abancourt et peut recueillir son agent de transmission qui
continuait sa mission à pied, après avoir
été mitraillé, avoir eu sa moto mise hors de
service par les balles, avoir été poursuivi sur un chemin
de terre par une voiture de liaison et enfin s’être jeté
à travers champs pour porter son renseignement.
Le 17 juin 1940, un escadron tient Nogent-le-Rotrou avec deux A.M. et deux pelotons motos. Il est vivement pressé par les Allemands qui déjà viennent de perdre deux auto-mitrailleuses et de nombreux fantassins, mais qui, avec de gros effectifs, attaquent sans cesse et progressent toujours. Comme sa présence à Nogent-Ie-Rotrou et au Nord de cette localité est indispensable à la sûreté des mouvements en cours, l’ordre lui est envoyé de maintenir le contact.
Le Maréchal-des-Logis CALLEWAERT, agent de transmission du Chef d’Escadrons, va lui porter cet ordre. Il sait que la route est battue par les feux ennemis, car le conducteur d’une citerne d’essence, qui vient d’y aller faire un ravitaillement, a donné ce renseignement. Sans hésiter, il part, suit pendant plusieurs kilomètres sous les coups de fusils cette seule route possible. Il arrive à Nogent-le-Rotron, salué par de nombreux coups de mitraillettes, trouve partout des traces de combat, et, après avoir en tous sens sillonné la ville et n’y trouvant plus personne, rejoint au Theil l’escadron qu’il cherchait et qui a été obligé de se replier sous le feu, complètement encerclé.
Le 18 juin 1940, le 6e Cuirassiers, réduit à deux Escadrons, est au combat et tente de retarder l’avance allemande au Sud-Ouest du Mans, quand il reçoit l'ordre de se porter, à 115 kilomètres à l’Ouest, où les Allemands progressent. Il
faut rapidement rejoindre les éléments engagés sur toute la ligne. Le Régiment est au contact avec des chars allemands, et
l’un d’eux, un char lourd
armé d’un canon de 77, commence à tirer aux environs du
village où est le Colonel.
Le Maréchal-des-Logis
GASPARD, agent de transmission moto, reçoit l’ordre de partir le
plus vite possible pour rejoindre un escadron. Il part, ne pensant
qu’aux chars à éviter, et marche vite, quand il tombe nez
à nez avec un char sur le bas-côté de la route. Le
canon est pointé sur ta route. Sans hésiter, il fonce
à tombeau ouvert pour exécuter sa mission, passe sous le
canon et s’aperçoit que c’est un char anglais
déchenilé et abandonné. " Je n’ai jamais eu aussi
peur " dira-t-il simplement en rendant compte de sa mission.
Le 22 juin, le Régiment, attaqué à Mirebeau, s’est replié à Craon-Jarzay. De nouveau attaqué à Jarzay par de grosses forces allemandes, il est obligé de laisser libre la route Mirebeau-Parthenay sur laquelle, à quelques kilomètres plus loin sont nos T.C. ne se doutant de rien. Il faut tes prévenir s'il en est temps encore. Un motocycliste va partir, quand le Commandant décide d’en envoyer deux. Le premier, déjà prêt (Brigadier-Chef HAY) qui vient de recevoir comme mission de passer coûte que coûte à Thenezay, c’est le seul itinéraire, même si l’ennemi y est, et c’est probable, se retourne vers ses camarades et demande : Un autre soliste ". Tous tes moteurs d’un seul coup se mettent en marche ; le gradé s’adressant à l’un, lui dit : " Tu viens. André ? ; l’autre, son copain, le Cavalier MANSARD, ne répond pas mais embraye et, sans rien dire, file dans le sillage de son camarade. Plein gaz, sans arrêt, ils passent et alertent le convoi, qui put échapper.
Le Brigadier-Chef CHEVALLIER, agent de transmission du Lieutenant ASTOUL, Chef de peloton A.M.D. pendant les combats du 17 au 20 mai, se montre remarquablement brave et en train.
Le 17 mai, serrant au plus près l’A. M. de son Officier qui vient de pénétrer dans Landrecies plein d’Allemands qui ne sont pas sur leurs gardes et d’y mettre le désordre, peut porter un compte rendu verbal sans que son Chef de peloton interrompe le combat.
Le 19 mai, sans se soucier de l’ennemi, il transporte son Officier en " tan-sad " sur un parcours extrêmement difficile, où il déploie une adresse remarquable.
Le 20 mai, au mousqueton
à 600 mètres, CHEVALLIER abat un fantassin allemand.
Quand, le même jour,
l’ordre est donné d’abandonner et de détruire les
véhicules c’est en pleurant qu’il incendie sa moto et, au lieu
de s’alléger comme beaucoup, il ramasse un havresac plein de
cartouches, le met sur son dos et part à pied,
décidé à se battre jusqu’au bout.
Disparu le 20 mai 1940.
COMBAT A BONCOURT, DEVANT COCHEREL
Le 11 juin, le 2e Escadron du 6e
Cuirassiers est au Plessis-Hébert, à quelques
kilomètres de Pacy-sur-Eure.
A midi. le Lieutenant BRISAC, qui
commande l’escadron, reçoit l’ordre d’aller avec deux pelotons
tenir te pont de Chambray sur l'Eure. après avoir
vérifié en cours de route la situation au pont de
Cocherel.
Le Lieutenant BRISAC part avec deux pelotons motocyclistes commandés : l’un par le Sous-Lieutenant DENJEAN, l’autre par l’Adjudant MARTIN.
Mais. en arrivant aux abords de Hardencourt. avant Cocherel, le détachement du Lieutenant BRISAC est accueilli par une vive fusillade. Les Allemands, embusqués dans les maisons du village, tirent des rafales de mitrailleuses et de mortiers.
Devant l’importance de cette résistance, te Lieutenant BRISAC installe son détachement à Boncourt, dernier village avant Hardencourt et rend compte de la situation à son Colonel, qui lui annonce l’envoi de chars qui viendront l’appuyer et lui permettre de continuer sa mission.
A la fin de
l’après-midi arrivent neuf chars H, commandés par le
Lieutenant DE LA MORSANGLIÈRE, du 4e Cuirassiers.
Le Peloton MARTIN et trois chars
sont laissés en réserve à Boncourt.
Le Peloton DENJEAN et six chars
partent à l’attaque de Hardencourt. Ils sont accueillis par un
feu nourri de l’ennemi :
mais celui-ci est obligé
de se replier. Les chars patrouillent dans le village. Les
motocyclistes fouillent tes maisons. Hardencourt est occupé par
nous.
Cependant, c’est déjà le crépuscule. De nuit, il n’est possible ni de continuer à progresser, ni même de rester dans Harden court, qui est au fond d’une cuvette surplombée par des crêtes boisées où l’ennemi a installé ses armes automatiques et ses mortiers.
Le Lieutenant BRISAC et le Lieutenant DE LA MORSANGLIERE décident de s’installer à Boncourt pour la nuit et de reprendre l’action le lendemain matin au petit jour.
Le 12 juin, à 4 h. 30, le Peloton DEJEAN et six chars redescendent sur Hardencourt. qui est demeuré vide toute la nuit : ils s’y installent, tandis que trois chars suivis par le peloton MARTIN dépassent Hardencourt et montent en direction du pont de Cocherel.
Les Allemands. qui sont installés en avant du pont de Cocherel, sur la rive gauche de l'Eure, sont surpris par cette attaque. Les chars du Maréchal-des-Logis-Chef COQUAT infligent des pertes extrêmement sévères à l’ennemi.
Mais, bientôt,
l’artillerie allemande installée sur la rive droite de l’Eure
déclenche un tir des plus violents.
Le feu des 77 allemands et celui
des armes automatiques installées dans les bois qui se trouvent
sur la rive gauche de l'Eure, obligent les chars et le peloton MARTIN
à redescendre peu à peu vers Hardencourt.
Les Allemands, qui tirent à vue, allongent leurs coups ; le bombardement de Hardencourt devient de plus en plus violent :
il n’est pas possible de rester dans le fond où se trouve ce village. Le Lieutenant BRISAC et le Lieutenant DE LA MORSANGLIERE ramènent leurs détachements à Boncourt ; ils reçoivent l’ordre d’y rester.
La fin de la matinée du 12 juin est calme ; mais, peu à peu, l’ennemi, descendant de Fontaine-sur-Jouy et de Cocherel, s’infiltre dans les bois qui environnent Boncourt.
Les forces allemandes qui progressent sont importantes ; vers 14 heures, quelques avions français passent ; ils sont salués par
le tir de nombreuses
pièces de D.C.A. que l’ennemi a déjà
installées sur la rive gauche de l‘Eure.
A 15 heures, l’artillerie
allemande commence à bombarder Boncourt : c’est un bombardement
violent, qui dure près d’une heure, blessant quelques hommes,
Cependant chaque homme reste calme à son poste, et lorsque, un peu après 16 heures, l‘infanterie allemande débouche des bois, à quelque 100 mètres des premières maisons du village, montant à l’attaque de Boncourt, elle est accueillie par le feu des dix F.M. des pelotons MARTIN et DENJEAN.
C’est une attaque massive que les Allemands déclenchent sur le point d’appui de Boncourt ; ils sortent des bois par groupes compacts et nombreux ; ils subissent des pertes très lourdes car tous les motocyclistes, commandés avec calme par leurs chefs de peloton, encadrés par des Sous-Officiers courageux tels que les Maréchaux-des-Logis DAVID, DEROUAULT, DE DAMPIERRE, servent leurs armes de la façon la plus efficace.
Plus de vingt Allemands tombent sous les coups du F.M. servi par le Cuirassier ZONCA ; plus de vingt aussi devant celui du Cuirassier BURONFOSSE ; une vingtaine d’autres devant le F.M. du Cuirassier MARTY. Le Cuirassier FLARY abat une dizaine d’ennemis avant d’être lui-même blessé. Le tir du Cavalier CORBIZET n’est pas moins efficace.
Mais, sans souci de leurs pertes, les Allemands continuent à monter à l’assaut de quelques fermes où les quatre-vingts hommes du Lieutenant BRISAC et du Lieutenant DE LA MORSANGLIERE sont enfermés.
La fusillade est de plus on plus intense ; les Allemands balaient les rues du village de leurs rafales de mitrailleuses, bombardent à coups de mortier les fermes dont plusieurs murs s‘écroulent.
Mais, de notre côté, la défense est énergique ; es chars, dont tes servants voient mal car il s’est mis à pleuvoir à torrents, arrosent avec leurs mitrailleuses les lisières des bois, les vergers, les maisons éloignées du village où les Allemands ont pris
pied ; les F.M. tirent sans arrêt ; tous les hommes qui ne sont pas occupés à servir des armes automatiques font feu de leurs fusils, notamment les agents de transmissions et les dépanneurs du Lieutenant BRISAC, encadrés avec calme par les Maréchaux- des-Logis PRUVOST, GODIN et LUCAS.
Cependant les Allemands, qui sont excessivement nombreux — plus d’un millier, semble-t-il — continuent à se rapprocher ; ils attaquent à la grenade, commencent escalader les murs des fermes presque encerclées lorsque le Lieutenant BRISAC reçoit l’ordre de se replier, ordre courageusement apporté par le motocycliste MANSART.
Le décrochage est difficile : il n’est pas possible d’emmener les side-cars, dont beaucoup sont d’ailleurs endommagés, sans risquer d'être pris en enfilade sur la route par les allemands. Le Lieutenant BRISAC décide de se replier à pied, à travers champs, chacun emportant ses armes, sous la protection des chars. Le repli se fait à travers champs et, à la nuit, les pelotons motocyclistes rejoignent le gros du Régiment, fatigués mais en ordre et avec toutes leurs armes.
Le combat a été sévère : le Cavalier P... avait été tué ; le Cavalier SALAMITE, grièvement blessé, avait disparu ; treize gradés ou hommes blessés avaient dû être évacués. La mission avait été remplie, Boncourt avait été tenu jusqu’à l’ordre de repli, et les pertes des Allemands. qui avaient attaqué en masse les Cuirassiers embossés derrière les murs, se chiffraient par plus de deux cents.
QUELQUES FAITS D’ARMES
Le 17 juin 1940, le peloton de
l’Adjudant DHUR, du 6e Cuirassiers, de la patrouille de l‘Adjudant-Chef
AVALLET, est chargé de la défense d'une partie de la voie
ferrée, à proximité de la gare de
Nogent-le-Rotrou. Les effectifs sont tellement réduits que le
Maréchal-des-Logis ROSSARD sert lui-même son F.M. Il a
devant lui, à 400 mètres, une crête boisée ;
et, entre la crête, à 200 mètres, une rangée
de pommiers. Il ne faut pas que les Allemands puissent y arriver, sous
peine de déborder toute la défense. Tout à coup
sortent des bois quatre Officiers allemands qui observent à la
jumelle et, immédiatement après, les fantassins allemands
débouchent de la crête et s'avancent vers la ligne de
pommiers.
Le Maréchal-des-Logis ROSSARD ouvre un feu efficace ; les Allemands, malgré leurs pertes, avancent toujours, mais tombent de plus en plus nombreux : plus de quarante s’abattent en croisant les bras sur le corps.
L'attaque est enrayée ; le F. M., porté au rouge par la rapidité et la continuité du tir, n’a plus de munitions. Le Maréchal-des-logis ROSSARD est presque coupé de son peloton par des Allemands infiltrés à sa gauche : il se dégage en rampant et, pour n’avoir pas voulu abandonner son F.M. ni l’abîmer en le traînant, ses mains portent de graves brûlures.
Une patrouille du 6e Cuirassiers est chargée, le 19 mai I 940, de couvrir le flanc d’une attaque de chars "Somua" qui va se déclencher en direction de Le Quesnoy. La voiture du Maréchal-des-Logis-Chef DHUR est en tête. L’ennemi est nombreux et mordant ; il a des A.M. et des mitrailleuses. Le tireur (Cavalier SMAGGHE) ouvre le feu ; mais, par suite d'un incident mécanique, le frein du canon perd soudain son huile et rend l’arme inutilisable. SMAGGHE n’hésite pas : pendant que la deuxième voiture continue le tir, il descend et, sans se soucier du feu ennemi, va chercher dans un des coffres extérieurs le bidon d’huile à canon, répare son frein, rentre dans sa voiture et reprend le tir.
Le 12 juin 1940. à Caillouet, le Brigadier DELENTE, du 6e Cuirassiers, est en vedette l'extrême droite du point d’appui. Surpris par l’arrivée de cinq Allemands, il en tue un ; mais les quatre autres se précipitent sur lui et l’assaillent. A ce moment, un F.M. ami ouvre le feu ; les Allemands se plaquent au sol sous la rafale. DELENTE saisit l’occasion : revolver au poing, il s'échappe d'un bond, saute dans les blés, s’éloigne en rampant et, pendant quatre heures, se glissant de culture en culture sous le feu de l’ennemi, il réussit finalement rejoindre indemne son peloton.
Le 17 juin 1940, la patrouille de l’Adjudant-Chef BRESSON, du 6e Cuirassiers, tient la sortie Ouest de Nogent-le-Rotrou et, au moment où une citerne d’essence vient de commencer à ravitailler le détachement, les blindés de la patrouille ouvrent le feu sur une colonne allemande qui débouche du Nord.
Sans se laisser impressionner, l’Adjudant-Chef BRESSON organise la défense autour de la citerne, qui continue son travail. Celui-ci terminé et la citerne hors de portée, la patrouille se replie, contenant par son feu l’avance adverse et aidant encore deux patrouilles voisines à décrocher.