20e Dragons

Source : http://le20edragons.free.fr/Historique/Histo5.htm
Nota : visitez le site , il y a beaucoup plus d'infos , des photos et des cartes .

En décembre 1918, le 20e Dragons est à Wörth en Allemagne. Sa mission est de renforcer la cavalerie du 2e corps d'armée (4e D.I). Il envoie des patrouilles pour assurer les liaisons entre les différents avant-poste.

Le 24 avril 1919 est une journée importante pour le régiment puisque le général Mangin remet la fourragère à son Etendard. La cérémonie, a lieu au bord du Rhin en présence de tous les autres Etendards des régiments qui composent la 10e DC.

Peu à peu, les activités abandonnées avant la guerre reprennent. C'est ainsi que du 18 au 25 mai, le 20e Dragons participe au concours hippique à Wiesbaden. Ensuite, il se porte vers le nord et cantonne à Worms (70 Km au nord de Karlsruhe).

En juin, le régiment cantonne à Cromstadt. Le 23, l'Allemagne doit donner sa réponse aux conditions d'armistice proposées par les alliés. Or, cette dernière est positive : les conditions sont acceptées sans réserve. Mais cela ne signifie pas que les Dragons et les troupes françaises stationnées en Allemagne vont rentrer tout de suite au pays. Il faut encore attendre la signature effective du traité de Paix.

Or, le 28 juin, la Paix est signée entre les Alliés et l'Allemagne. Trois jours plus tard, le 20e Dragons quitte Cromstadt pour rentrer à Worms en une seule étape. Mais les Dragons doivent encore attendre un mois complet pour rentrer à Limoges. Seul l'Etendard les précédera puisqu'il participera, avec sa garde d'honneur, au défilé de la Victoire sous l'Arc de Triomphe à Paris.

Le 30 juillet, le 20e Dragons peut enfin quitter l'Allemagne pour Limoges.

 



L'entre-deux guerres :

De retour à Limoges, le 20e Dragons reprend la vie de tout régiment en temps de paix. L'instruction des appelés, les manoeuvres à la Courtine et les compétitions hippiques rythment le quotidien des cavaliers.

Cependant, alors que le char a été inventé quelques années plus tôt, le 20e Dragons, à l'instar de la majeure partie des autres régiment de cavalerie, est toujours à cheval.

Mais en 1934, le régiment est en partie motorisé grâce à la constitution d'un peloton équipé de 2 automitrailleuses White, 5 side-cars et quelques camions.



En 1935, un 5e escadron à cheval est crée par prélèvement sur les autres escadrons et avec des éléments du 3e Hussard de Strasbourg. Un 7e escadron est constitué avec le peloton motorisé et les recrues de la classe 35 incorporées en octobre 1936.

Mais la situation internationale est tendue. Hitler, arrivé au pouvoir en 1933 en Allemagne, prépare une armée puissante et bien équipée qui s'aguerrit pendant la guerre d'Espagne. En France, on pense pouvoir se protéger de toute invasion en construisant la ligne Maginot au lieu de faire un effort sur les équipements et les matériels de nos armées.

Après l'annexion de l'Autriche , les accords de Munich et l'invasion de la Tchécoslovaquie, les nazis, aidés par les Soviétiques, attaquent la Pologne, alliée de la France et de la Grande Bretagne qui déclarent la guerre à l'Allemagne le 03 septembre 1939. Français et Britanniques attaquent les postes avancés allemands de la ligne Siegfried mais leurs troupes se retirent après la défaite de la Pologne. C'est la drôle de guerre qui commence. Pendant des mois, les Alliés d'un côté et les Allemands de l'autre vont s'observer.




Quant au 20e Dragons, il est mis sur le pied de guerre le 20 août 1939. A peine une semaine plus tard, le régiment est dissout, ses différents éléments étant dispersés dans d'autres unités :

Quelques rares éléments d'active du 20e Dragons se retrouveront dans les 4 Groupes de Reconnaissance suivants formés par les centres mobilisateurs :

 




Le 10 mai 1940, les troupes allemandes se lancent à l'assaut de l'Europe de l'ouest. Quelques semaines avant, les Allemands ont déjà envahi le Danemark et la Norvège. La réaction des démocraties occidentales, malgré l'envoi en Norvège d'un corps expéditionnaire d'ailleurs vite retiré, n'est pas à la hauteur de la gravité de la situation. Les états-majors alliés ne sont pas prêts pour une opération militaire de grande envergure et ils préferent donc l'attente à l'action. On connait la suite...

En quelques semaines, l'armée française subit une cuisante défaite. Pourtant, ses soldats se sont battus avec la dernière énergie. L'aviation de chasse française a abattu près de 1000 avions allemands. Cela aura une importance lors de la Bataille - aérienne - d'Angleterre. Des combats violents ont eu lieu en différents points de la ligne de front comme par exemple à Tannay, à Ham et à Xertigny où des anciens cavaliers du 20e Dragons se sont illustrés.



Tannay :


Récit de monsieur Roger Avignon, maréchal des logis au 93e GRDI en 1940 et ancien du 20e Dragons :

Le 23 mai :

Le Ve C.A. allemand attaque sur tout le front, des Murets à l'est ( partie est des bois de Sommauthe ) au canal des Ardennes à l'ouest, pour faire tomber le saillant du massif du Mont-Dieu.

L'attaque débute à 3 heures par les tirs de 272 pièces d'artillerie pour l'ensemble du front. Six bataillons de la 24e I.D allemande sont en place sur la rive ouest du canal du pont station de Tannay à l'écluse de Sauville.

A 4h25, 3 bataillons profitant du brouillard traversent le canal, submergent le 2e groupe d'escadrons du 1er Hussards ( 3e et 4e escadrons ) qui a de suite 148 tués, blessés ou disparus.

A 11 heures, 12 AM du 3e escadron du 6e GRDI suivies du 4e escadron moto attaquent en direction de la ferme Nociève et de la cote 276. Huit AM sont détruites par des antichars. Par deux fois, le 4e escadron essaie de déboucher. Tous ses officiers étant blessés, il se maintient sur la route de Stonne.

Le 3e escadron du 8e Chasseurs à cheval s'établit le long du ruisseau des Armoises aux Petites Armoises. A son aile gauche, le peloton de l'adjudant-chef Roland, réquisitionné par le 16e BCP, est envoyé sur Tannay. Il est entièrement détruit à la grenade et à la mitraillette (seul le cavalier Villeret reviendra).

A 12 heures, l'ennemi, empêché de déboucher sur Tannay par le 16e BCP, occupe à l'est du village toute la côte 276 sur un front de 2200 m, et au-delà, en pointe, jusqu'à la ferme Nociève qui est à 3250 mètres du canal.

Si les troupes des 36e et 16e I.D allemandes qui ont attaqué à l'est font leur jonction avec celles de la 24e I.D, qui ne sont plus qu'à 2500 m, toutes les unités de la 3e D.I.M combattant dans le massif du Mont-Dieu sont encerclées.

Le général Gailliard, commandant la 1ere BC, ordonne une contre-attaque à H=14, rapportée à H=15, pour rétablir la situation sur la cote 276. Elle doit être menée par les 2e et 3e compagnies du 45e BCC et par le groupe moto d'Harcourt du 14e GRCA avec les éléments moto du 93e GRDI.

Relevés de la veille, le groupe d'Harcourt ( 135 hommes ) et les éléments moto du 93e GRDI ( 80 hommes ) remontent en ligne.

A 15 heures, les chars du 45e BCC refoulent les Allemands qui se replient derrière la ligne -N 77 -Tannay-le Mont-dieu, et permettent aux cavaliers de réoccuper toute la côte 276. Le bois triangulaire où l'ennemi a tenté de s'accrocher est rempli de cadavres du 102 I.R.

Après que 3 officiers aient été blessés dès le début de l'attaque, le 14e GRCA n'a plus d'officiers dans ses escadrons. Le 45e BCC a perdu 5 officiers et 2 gendarmes tués, 11 blessés, 11 chars avariés, 2 chars détruits sont dans les lignes. Le 16e BCP a rejeté les Allemands de Tannay et il réoccupe les lisières nord du village.

Sur la côte 276, les cavaliers, à bout d'effectif, étirés sur un front de 1800 m, ne peuvent aller plus loin. A sa droite, le 14e GRCA ne peut trouver la liaison avec le 1er Hussards.

La 3e D.I.M a seulement un couloir d'un peu plus de 2 km pour alimenter ses 3 régiments d'infanterie et conduire sa bataille.

A 20h30, le 3e escadron du 8e Chasseurs à cheval est poussé du ruisseau des Armoises à la gauche du 14e GRCA qui est au bois triangulaire. Dans la nuit, le 4e escadron sera poussé à la droite du 14e GRCA.

Le 24 mai :

A 2 heures, le général Bertin Boussu, commandant la 3e D.I.M, après examen avec le général Gailliard, commandant la 1ere BC, et le colonel Buisson, commandant la 3e D.C.R, décide une contre-attaque qui sera montée par le général Gailliard et qui sera effectuée dans la matinée du 24 avec l'appui du II/36 R.I pour réduire les poches de Tannay et rejeter les Allemands au-delà du canal des Ardennes.

La contre-attaque est fixée à H=14.

A cette heure là - 2 heures -, le II/36 R.I - capitaine Saubagne - après une marche de 40 km arrive à Villers devant Dun où il doit être embarqué par camions ( embarqué à 4 heures, il sera débarqué à Germont ).


De 9 heures à 12 heures, le 16e BCP, écrasé par le nombre, se bat maison par maison dans les ruines de Tannay. L'ennemi borde les lisières sud du village mais ne peut en déboucher, étant arrêté par le feu des Chasseurs repliés dans les fossés de la N.77. A 13 heures, le 16e BCP reçoit l'ordre de reprendre Tannay en profitant de l'attaque des chars B.

A 14 heures, à Verrières, au PC du général Gailliard, la liaison est prise avec le commandant Préclaire, commandant le 49e BCC et le capitaine Saubagne qui a son bataillon arrivé à Verrières. L'heure H=14 est reportée à H=18, l'infanterie étant dans l'impossibilité d'occuper sa base de départ avant cette dernière heure.

A 16 heures, le II/36 R.I quitte Verrières dans l'ordre 6e, 7e et 5e compagnie.

Au PC du général Gailliard, le commandant Préclaire avec les lieutenants Dumont, 2e compagnie, et Caravéo, 3e compagnie, reçoivent les derniers ordres. Les chars doivent permettre au II/36 RI d'occuper Pré-Naudin et bois Bon Temps. La compagnie Carvéo avec une section, prolongera l'action de la 2e compagnie en direction de Tannay pour permettre au 16e BCP de réoccuper le village.

L'ordre d'opération prévoit une couverture aérienne de H-20 à H+1, des tirs d'appui d'artillerie et des tirs de contre-batterie de H à H+1, ces dispositions ont été précisées au II/36 RI.

A 16h50, le capitaine Charlois commandant le 2e escadron moto du 93e GRDI reçoit du PC du 93e GRDI l'ordre suivant :" Vous attaquerez à 18 heures. Objectif : Pré Naudin. Mission : rejeter les Allemands au-delà du canal des Ardennes. Vous serez appuyés par une section de chars B et une compagnie du 36e RI."

Le 3e peloton Vieuille étant en réserve entre les Petites Armoises et la route de Stonne, il ne reste que 47 cavaliers sur la cote 276 près de la route de Stonne ( 11 tués et 5 blessés ). De leur position, Tannay est à 700 m à l'ouest, quant au canal, il est à 2000 m.

Le 3e et 4e escadron du 8e Chasseurs à cheval n'ont pas d'ordre d'attaque, ils doivent maintenir leurs positions ainsi que les survivants du groupe moto d'Harcourt. Le 2e groupe d'escadrons du 1er Hussards, désorganisé par ses pertes, n'est pas concerné par cette attaque. En définitive, des cavaliers en place sur la cote 276, seuls doivent attaquer les 47 du 93e GRDI.

A 17h15, le commandant Préclaire voyant que l'infanterie ne pourra être en place demande que H=18 soit retardée. Le général Gailliard maintient H=18.

A 17h40, à 3km de la cote 276 - sa base de départ -, le II/36 RI débouche du bois de Sy. De suite repéré par l'avion d'observation allemand, il subit des tirs d'artillerie.

A 18 heures, sans couverture aérienne et sans les tirs d'artillerie, l'attaque démarre. elle aura plusieurs phases et non une action d'ensemble.

A 18 heures précises, les 47 cavaliers du 93e GRDI attaquent, baïonnettes au canon, sur la pente face à Tannay aux vues des observateurs allemands sur la route de Sauville et sous celles de l'avion d'observation. Un violent tir de barrage déclenché dans les seconde qui suivent écrase les cavaliers : 12 tués dont le capitaine Charlois, 20 blessés. cinq cavaliers ( mdl Avignon, brigadier Fonquernie, cavaliers Merciol, Porte, Bravy ) qui ont eu la chance de sortir vivants du tir de barrage tombent, au moment où il s'arrête à 18h20, nez à nez, à moins de 30 m avec un bataillon allemand déployé en ligne au bas de la cote 276 en attente de contre-attaque.

Dix chars du 49e BCC attaquent, PD 3e compagnie bois triangulaire, PD 2e compagnie à Chautreune. Ils sont pilonnés par l'artillerie et pris à partie par des antichars ( dont des 47 français ) en position dans la bordure de la N77.

A 18h24, 2 chars débouchent de la position de départ du 93e GRDI. Celui de droite avance de 200 m environ, celui de gauche reste en haut de la pente près de la route de Stonne. A ce moment là, des Allemands qui avaient progressé de chaque côté du barrage, en même temps qu'il avait lieu, ne sont pas loin d'atteindre le sommet de la pente. A 18h35, les chars font demi-tour.



Une quarantaine de Chasseurs du 16e BCP partant de la route de Stonne s'élancent sur Tannay. Leur débouché déclenche un tir de barrage, une centaine de mètres sont gagnés mais, devant leurs pertes, les Chasseurs reviennent sur leur point de départ.

Vers 18 heures, la 6e compagnie - capitaine Vailiere du II/36 R.I - franchit par petits paquets le carrefour 229 de la route de Stonne. Derrière, à 18h30, la 7e compagnie - capitaine Miray - dévale vers la ferme Nociève, elle est à 750 m de sa base de départ. La 5e compagnie - capitaine Lamachère - est derrière en soutien.

A 19 heures, les 6e et 7e compagnies sont sur la cote 276. Un tir continu de harcèlement de l'artillerie de 12 à 15 obus s'abat tantôt sur une section, tantôt sur une autre. La 7e compagnie au-dessus du bois triangulaire, au sommet de la pente qui descend vers la N 77, fait face à 500 m à une ligne de fantassins ennemis qui avancent, les balles claquent. La 6e compagnie serait aux parages de la ferme le Moulinot. Désorganisés par les pertes qui vont croissantes, les fantassins ne peuvent aller plus loin, la 7e compagnie a perdu son capitaine qui est blessé.

A 19h30 une fusée blanche s'élève du côté allemand, les tirs d'artillerie cessent, les fantassins assaillants disparaissent aux vues.

La 7e compagnie a 4 sergents et 8 soldats tués, 1 disparu, 25 blessés dont le sous-lieutenant Richard qui a le bras droit emporté. La 6e compagnie a 6 tués, 12 blessés, la 5e compagnie a 1 tué, 17 blessés.

Sur sa position, le 8e Chasseurs à cheval a 14 tués et 34 blessés.

Lorsque le 49e BCC se replie au bois de Sy, il a perdu 3 chars : Chablis déchenillé à la corde Nord du bois triangulaire, Mercurey à 300 m de la ferme Mon Idée, son pilote, le sergent Gaudot a été tué, Irouléguy contre la ferme la Tuilerie. Sept autres chars ont des avaries. Au soir, le lieutenant Carvéo prend le commandement d'une compagnie de marche formée avec 4 chars en état de marche ( quelques jours après, elle sera à 7 chars : Banyuls, Bouzy, Côtes du Rhône, Frontignan, Maury, Riquewihr, Sylvaner).

A la fin de la journée, l'ennemi occupe les ruines de Tannay (sur 90 maisons, 2 seulement sont intactes, 32 sont très gravement endommagées, toutes les autres sont rasées ainsi que l'église). Il est bloqué à 500 m au sud par les survivants du 16e BCP, en position dans le fossé de la route de Stonne, avec l'appui du groupe de mitrailleuse Blachon du 93e GRDI. Les deux adversaires sont face à face dans les fossés de la route. Il n'occupe pas la ligne de crête de la cote 276, de la route de Stonne à la ferme le Moulinot. Il n'a pu déboucher du vide laissé par l'anéantissement des cavaliers du 93e GRDI ayant été cloué par la pièce de 75 d'aile du 1/42 R.A tirant à obus à balles débouchés à l'ouest du bois de la Fontaine Uchon.

A 22 heures, l'ordre N°26, 21h15 du XXIe C.A ordonnant l'abandon du massif du Mont-Dieu arrive aux PC 3e DIM et 3e DCR.

Vers 23h30, l'ordre de repli de la 3e DIM arrive aux PC des régiments. Il doit s'effectuer à réception de l'ordre, être couvert sur la cote 276 par une croûte de cavaliers qui ne se replieront qu'en dernier lieu. Le repli a un couloir de 2 km environ avec axe principal la ferme Correrie, cote 222, Sy, bois deSy.

La 35e DI et la 6e DI se mettent en place pour tenir la ligne Canal des Ardennes- les Petites Armoises - lisière nord du bois de Sy, 253 - Oches - ferme d'Isly. Elle tiendra jusqu'au 9 juin.

Du sommet de la cote 276 à la N77, sur la pente, 67 corps sont restés sur le terrain.

Les cavaliers du 93e GRDI, comme ceux des autres GR, avaient reçu la formation pour remplir les diverses mission demandées à un Groupe de Reconnaissance avec ou sans AM, ainsi que celle du combat à pied. Quant à une attaque à la baïonnette appuyée par des chars B, je n'ai pas encore compris et reste persuadé que le résultat aurait pu être tout autre s'il s'était agi de l'inverse, quoique les chars avaient l'ordre de ne pas dépasser la N77, terrain marécageux au-delà.

Roger Avignon
( 93e GRDI - 20e Dragons )

 

 


 


L'affaire de Ham :




Récit de monsieur Roger Avignon, maréchal des logis au 93e GRDI en 1940 et ancien du 20e Dragons :

 

Le nom de Ham évoque la prison du prince Louis Napoléon Bonaparte au fort de Ham de 1840 à 1846, d'où il s'évade de façon rocambolesque le 26 avril 1846, déguisé en peintre.

Cette petite ville de la Somme s'illustrera à nouveau en 1940. Elle a été le théâtre de violents combats auxquels a participé le 18e GRDI, l'un de ces groupements de reconnaissance de division d'infanterie issus du 20e Dragons. 

Le19 mai 1940, à 1 heure du matin, le détachement Vaudremont quitte Cuy avec 7 chars B 1bis du 15e BCC. Ces chars sont:

Le détachement arrive au petit jour à Guiscard où se joignent à lui 5 chars du 8e BCC, sous le commandement du lieutenant Dupont. Trois de ces chars sont hors d'état :

L'Indomptable ( sous lieutenant Bordeaux ) sert de char PC radio au colonel Roche, sa tourelle n'étant pas en d'état de tirer et le Corsaire ( lieutenant Rosenwald ), sans tourelleau, fait office de char PC. Le départ sur Ham est fixé vers 6 heures et la ville est atteinte 1 heure plus tard.

La 23e DI, alertée le 17 mai, est dans la Haute Marne, région de Chaumont, où elle doit aller s'installer sur la coupure Oise-canal Crozat de Tergnier à Mennessis et Saint Simon. La 3e divison légère d'infanterie doit aller en avant et à gauche de la 23e DI de Saint Simon (exclu) à Ham (largement inclus).

 



Le 18e GRDI du commandant Pénicaud, Groupe de Reconnaissance de la 23e DI doit éclairer au profit de la 3e DLI, se porter sur Ham et tenir les passages du canal. Le 17, après un raid de plus de 220 km, l'escadron motocycliste du capitaine Pousset et les mitrailleurs portés du capitaine de la Quintinie (en tout 150 hommes) arrivent à Ham vers 20 heures et ne trouvent que le flot des réfugiés déferlant sans arrêt par les deux ponts sur le canal. Des postes sont installés en avant de Ham. Le 18 mai, à 9H30, sur la route de Saint-Quentin, près d'Aubigny, les patrouilles des lieutenants Villatte et de Corgnol, signalent l'approche de l'ennemi et se heurtent à quelques motocyclistes allemands qui bifurquent vers l'Est. Un Hotchkiss H 39 du 27e BCC ( sergent Gobereau ), débouche du pont mêlé aux voitures des réfugiés et se met à la disposition du commandant Pénicaud. Les interventions du char seront efficaces.

En fin de matinée, les premiers détachements de liaison du II/141e R.I de la 3e D.L.I arrivent sur les lieux. A 12H30, des side-cars allemands avancent sur Ham. Le premier est stoppé aux lisière Nord tenues par le peloton Boudot-Lamotte, on y relevera deux cadavres dont celui d'un officier de la 10e Pz.Div.

Une nouvelle tentative ennemie a lieu le soir même. Les Français se replient derrière le canal, les ponts sont barricadés. Le 19 mai, vers 4 heures, une forte attaque allemande est clouée sur place. Les cavaliers du 18e GRDI contre-attaquent, et se livrent à un combat de rues, maison par maison. Des ennemis qui avaient traversé le canal peuvent se replier : retranchés dans une maison, ils se défendent. Le peloton Sévenet les mets hors de combat : 12 morts et 15 prisonniers de la 10e Pz.Div " en chemise ", c'est à dire n'ayant sur eux que la chemise pour franchir le cours d'eau à la nage, ce qui a quelque peu amusé les cavaliers. Le lieutenant Sévenet a été grièvement blessé au cours de l'action.

Vers 7 heures, le capitaine Vaudremont prend contact avec le commandant Pénicaud et le commandant Buyer du II/141e R.I : une incursion au nord de Ham en direction de Saint-Quentin est fixée à 8 heures.

Les chars débouchent de la route de Guiscard, appuyés par un peloton moto du 18e GRDI et une section du II/141e R.I. Les chars de la section Dupont gardent le carrefour de Ham. A 8H45, les cavaliers défont leur barricade, les chars B passent et tombent 300 m plus loin sur une autre barricade, agrémentée de Tellermine, que l'ennemi a construit pendant la nuit. Elle est détruite par les B à coups de 75. dans la grand'rue, après un coude, l'Algérie, suivi du Corse, se heurte à des blindés et à des anti-chars, dont des 47. Très vite, une dizaine d'armes anti-chars sont détruites, les automitrailleuses ennemies de tête sont mises hors de combat par les tirs à bout portant. L'Algérie détruit un canon de 47 et fait exploser son caisson à munitions. Le Cambodge, qui suit, nettoie les fenêtres des maisons d'où partent des grenades.

La Somme est franchie, 4 canons de 37 Pak et 1 canon automoteur sont détruits par le Corse qui s'arrête : son blindage avant a été frappé par un 77 explosif, ses radiateurs sont crevés et une de ses poulies est en charpie. L'Anjou le relaie. Nouveau barrage allemand : le char est touché à plusieurs reprises après avoir démoli un canon. Les cavaliers du 18e GRDI réoccupent le poste avancé aux lisières Nord de Ham.

Son barbotin troué par un obus, le Madagascar ne peut avancer que très lentement, en première, pour regagner les lignes, de même que le Rennes qui a des ennuis de moteur. Sur la route de Guiscard, le Madagascar tombe en panne définitivement.

La résistance ennemie a été acharnée et il est déjà près de midi. Les moteurs des chars tournent depuis 5 heures : il faut les ravitailler en essence. L'objectif situé à 25 km ne peut être atteint, 5 chars sont hors d'état et l'infanterie n'est pas assez nombreuse. Par radio, le capitaine Vaudremont donne l'ordre de retour sur la base de départ.

Pour vaincre la résistance française, le soir vers 17 heures, pendant 25 minutes, l'aviation ennemie bombarde puissamment Ham et la région, y provoquant de nombreux incendies. Le maréchal des logis chef Lucien Ravel, du 18e GRDI, blessé au cours du bombardement, est évacué. Les chars Cambodge, Nice et Terrible sont dans Ham, aux ponts du canal pour protéger leur minage.


Le lendemain 20 mai, vers midi, l'aviation allemande bombarde à nouveau Ham. Vers 14 heures, le génie fait sauter les deux ponts du canal, le 141e R.I relève le 18e GRDI, relève protégée par le H 39 embossé près du canal. Vers 15 heures, le capitaine Vaudremont reçoit l'ordre de regagner Guiscard à la tombée de la nuit.

Les chars B quittent Ham vers 22 heures, les uns remorquant les autres ; seul le Madagascar, ne pouvant être remorqué, est abandonné. Puis ils prennent la direction de la forêt de Compiègne, lieu de regroupement de toutes les unités écartelées de la 2e DCR.

 


La résistance héroïque du 23e GRCA à Xertigny:




En juin 1940, les armées allemandes ont envahi toute la partie du territoire français qui se trouve au nord d'une ligne Brest-Lyon, à l'exception du massif des Vosges et de quelques ouvrages de la ligne Maginot où des divisions françaises sont encerclées et harcelées de toutes parts.

Le 18 juin, alors que tout semble perdu, que les allemands défilent dans Paris et que le général de Gaulle lance son appel à continuer la lutte, des Français combattent encore dans les Vosges, à quelques dizaines de kilomètres du Rhin.


Chargé de tenir le point d'appui de Xertigny, un élément du 23e Groupe de reconnaissance, isuu à la mobilisation du 20e Dragons, organise la défense du village.

Sous les ordres du chef d'escadrons Frédéric de Saint- Sernin, ces cavaliers entament, à l'aube, un combat inégal qu'ils méneront jusqu'au bout. Ils contiennent durant des heures un ennemi 10 fois supérieur en nombre et en armements.

Encerclant le village et l'attaquant par toutes ses entrées, les Allemands submergent les barricades que Saint-Sernin a fait dresser sur toutes les voies d'accès les unes après les autres. L'artillerie et les blindés allemands délivrent un feu d'enfer sur le village, dont les maisons s'effondrent une à une. Vers 19 heures, il ne reste plus qu'une poignée d'hommes valides qui, autour de leur chef, tiennent encore le centre de Xertigny. Le chef d'escadrons de Saint-Sernin est blessé, mais il refuse toujours de se rendre. Il se bat jusqu'à la fin et se fait tuer dans l'Hôtel de ville en flammes. Le combat est terminé. sur 8 officiers, 4 sont morts et 3 sont blessés. Sur 100 sous-officiers et cavaliers, 40 sont tués et 35 sont blessés.

Le lendemain, découvrant les restes de Frédéric de Saint-Sernin dans les ruines de l'Hôtel de ville, les Allemands décident de lui faire des obsèques solennelles. Le cercueil, recouvert d'un drapeau tricolore, est conduit au cimetière, suivi d'un long cortège. Une compagnie de soldats allemands est rangée au-dessus de la tombe; le colonel du régiment, ses officiers et la musique sont présents. Après les dernières prières récitées par le Chanoine Lemoine, les habitants de Xertigny déposent des fleurs aux couleurs françaises. La musique de régiment joue la Marseillaise. Le colonel, à son tour, dépose sur la tombe une superbe couronne de feuilles de chêne, avec cette inscription : " Au brave commandant, défenseur de Xertigny ". Cette cérémonie se termine par une salve tirée par les soldats allemands en l'honneur de ces cavaliers français morts pour leur patrie.

 




La famille Saint-Sernin a été particulièrement éprouvée lors de la campagne de France de 1940. En effet, le 18 mai 1940, le capitaine Jacques de Saint-Sernin, cousin du héros de Xertigny et ancien du 20e Dragons, est tué alors qu'il couvrait le repli de son escadron. Quelques jours plus tôt, le cousin germain de Jacques de Saint-Sernin, le capitaine Patrick Fockedey, du 129e R.I, trouva une mort héroïque à la tête de ses hommes. Les familles Fockedey et Saint-Sernin ont perdu 7 de leurs membres durant les semaines de mai-juin 1940.