J M O du 226eme R.I.
"Je pique"
source : http://perso.orange.fr/jm.v/Jmo%20226.htm
Du 1er au 25 juin 1940
Le 3eme bataillon
1er juin : Après avoir à nouveau, pendant
5 semaines consécutives, monté la garde au Rhin,
occasionné des pertes certaines à l’ennemi et
travaillé avec ardeur à l’organisation du quartier Fuchs,
le 3eme bataillon regagne Reichstelt et Souffelwegersheim en
cantonnement de repos.
5 au 18 juin : Le bataillon se voit confier l’organisation
de la défense anti-chars de ces villages. Vu l’urgence de cette
mission, un programme de huit jours est établi.
Appuyé sans réserve par la population civile
réquisitionnée à cet effet, le 3eme bataillon
était à la veille de terminer à la satisfaction du
Colonel et du Général, le projet approuvé lorsque,
subitement, le 18 au soir un ordre de mouvement l’arrache à une
tâche à laquelle il s’était donné
entièrement en travaillant jour et nuit. (La division devait
s’embarquer aux environs de Molsheim, franchir les Vosges et être
utilisée dans la région d’Epinal).
13 juin : à 23 heures le bataillon quitte
Reichstelt pour Achenheim non sans un serrement de cœur. Il
s’éloignait d’un secteur que pendant 8 mois il avait aidé
à organiser de main de maître et où chacun pensait
pouvoir défendre un jour la parcelle de terrain confiée
à la garde du Régiment de strasbourg.
La couverture du Rhin restait assurée par des
éléments des 1er et 2eme bataillon qui se
trouvaient en ligne.
14 juin : Vers 5 heures, le bataillon arrive sans
incidents à Achenheim et s’y installe en cantonnement
gardé – il a pu emporter les bagages, les vivres et les
munitions grâce à des véhicules
réquisitionnés.
15 juin : Au lever du jour, le bataillon se met en
marche en direction de Molsheim, la pluie persistante lui permet de se
dissimuler aux incursions aériennes ennemies
particulièrement fréquentes les jours
précédents et d’arriver à Molsheim vers 8 heures
30 sans ennuis.
Le commandant y apprend par un civil que les Allemands seraient
déjà à Belfort.
Vers 15 heures, le bataillon qui, en principe, devait s’embarquer,
reçoit, par suite de l’avance allemande vers Langres, l’ordre de
se préparer à réoccuper ses positions sur le Rhin.
Cette nouvelle provoque une explosion d’enthousiasme
générale mais vers 14 heures 30 l’ennemi ayant franchi le
Rhin à Rhinau et au sud, l’ordre est donné d’occuper et
de défendre la vallée de la Bruche face au nord entre
Hangenbreten et Ernolsheim et la position entre Hangenbreten et
Enteheim exclus, face à strasbourg.
Ce fut une demie déception car chacun comptait reprendre son
ancien poste de combat. Pour faire vite et ménager des hommes,
des moyens autos fournis par le R.I. et tous ceux du bataillon
déchargés à cet effet, sont employés au
transport des combattants en deux fractions.
La 10eme compagnie est chargée de défendre les passages de la Bruche et du canal ainsi que le terrain d’aviation d’Entzheim.
La 9eme compagnie tient les passages de la Bruche et du canal
face au Nord.
La 11eme compagnie défend Duppigheim où s’installe
le P.C. du bataillon.
La C.A.5 répartie dans les compagnies le 37,
terrain d’aviation, le 25 au pont d’Ernolsheim.
Le T.C.2 est rassemblé à
Molsheim et placé sous les ordres de l’officier des
détails du Régiment.
Dans la nuit du 15 au 16 juin, la recherche de la liaison avec le 172 R.I.F.
à Entzheim et au sud étant restée infructueuse, la
défense d’Entzheim incombe elle aussi au 3eme bataillon – le
flanc droit de ce dernier étant découvert oblige le
Commandant à confier à la 11eme compagnie le soin de
barrer cette direction dangereuse. Deux sections sont
prélevées à la 9eme compagnie pour remplacer la
11eme compagnie à Duppigheim.
16 juin vers 19 heures : Les routes sont mitraillées et bombardées par l’aviation ennemie qui, pour la première fois fait entendre ses sirènes – l’artillerie à longue portée adverse tire sur la voie ferrée à l’est de Molsheim.
17 juin : Dans l’après-midi la radio fait savoir que la France a demandé l’armistice. Plus tard nous apprenons que le drapeau allemand flotte à Saverne. La couverture du Rhin continue à masquer le vide de la position de Strasbourg. L’ennemi poursuit son effort au sud et élargit ses têtes de pont.
En fin d’après-midi à la suite d’un ordre de la D.., le R.I. doit se replier pour s’installer sur les premiers contreforts des Vosges, de Molsheim au défilé du Krontal (sud de Wasselonne), où il doit tenir 48 heures.
18 juin à 5 heures 30 : Le bataillon décroche et fait mouvement vers sa nouvelle position comprenant Molsheim – Avolsheim – Soultz les Bains – Dangolsheim – Bergbisten et Flexbourg laissant des sections en arrière-garde pour couvrir le mouvement et faire sauter les ponts de la Bruche à l’arrivée de F.T. qu’elle a récupérés et mis en état de marche à Entzheim.
Répartition des missions
dès l’arrivée vers 12 heures 30.
10eme compagnie – défense de Molsheim en liaison avec
le 172 R.I.F.
11eme compagnie – Avolsheim et Soultz les Bains.
9eme compagnie + 25 et 37 en liaison avec le premier bataillon,
carrefour de Biblenheim – Bzeghieten et Dangolsheim.
C.A.3 – 1s.m ; par compagnie, 25 et 37 à la
9eme compagnie, le reste, chargé de la défense de
Flexbourg.
P.C. à Bergbieten – appuie
d’artillerie assuré par la forteresse de Mutzig.
Le restant de la journée du 18 est consacré à
l’installation sur cette position et à l’établissement de
barrages anti-chars sur les voies d’accès face au Nord et
à l’est.
A signaler qu’aucun pont ni route n’étaient minés au Nord d’avolsheim, de plus, le barrage de ce village était miné, or s’il était détruit le passage de la rivière était facilité à l’ennemi. Par contre, le pont du canal, à 300 mètres au Nord du barrage n’était pas miné. Ordre est donc donné au Génie de miner le pont et de ne pas détruire le barrage en question. Les éléments de couverture rejoignent le 1er bataillon sans être inquiété.
19 juin : Après avoir fait sauter tous les ponts sur la Bruche, les sections d’arrière-garde (Lieutenants Perret, Nicolas) rejoignent leurs unités dans la matinée sans incident – (transport pas camionnette du R.I.).
On apprend que l’ennemi est à
Strasbourg et que le drapeau à croix gammée flotte sur la
cathédrale depuis la veille au soir. Des colonnes
motorisées ennemies ayant été signales à la
sortie ouest de Lingolsheim vers 11 heures, l’ordre est donné de
faire sauter les ponts de Molsheim – Avolsheim et Wolxheim.
Le dernier pont d’Avolsheim près de la voie ferrée est
détruit à 15 heures 45. Un quart d’heure après
cette opération une patrouille de la 11eme compagnie a, dans
Avolsheim, une rencontre avec l’ennemie venu en autos et voitures
légères blindées. Le contact est pris assez
sérieusement, le caporal Crémillon blesse un Allemand.
Pris à partie par des feux violents de la section Kronenberger
et d’un des trois chars ramenés d’Entzheim, l’ennemi utilise un
canon de 20 anti-chars et se retire emmenant prisonniers quelques
hommes de la 11eme compagnie qui s’étaient rendus sans armes
dans Avolsheim (côté est) malgré l’interdiction –
Deux maisons sont incendiées par l’ennemi avec des grenades
incendiaires. En raison de l’étendue du front et craignant
d’être débordé par sa gauche, le chef de corps
prend la décision d’aligner le 3eme bataillon entre Soultz et
Mutzig par les pentes de la forteresse ; en outre une reconnaissance
des lisières Est des bois de Haslach est prescrite en vue d’une
défense possible de ces lisières face à l’est.
19 au 20 juin : Dans la nuit, comme suite à la décision du chef de corps, les éléments de la 11eme compagnie à Avolsheim et la 10eme compagnie étant en situation défensive délicate, ordre est donné à la 10eme d’abandonner Molsheim, de s’accrocher aux pentes de la forteresse et de rechercher la liaison avec le 172 R.I.F. qui devait se trouver vers la station de Mutzig ; à la 11eme compagnie de porter la section d’Avolsheim sur les pentes Nord-Est de la position de Mutzig en liaison avec la 10eme compagnie et la forteresse. Ces mouvements sont réalisés sans réaction de l’ennemi.
20 juin : La matinée est consacrée à l’organisation du nouveau dispositif. Au début de l’après-midi la 11eme compagnie est en butte à une pression accentuée de l’ennemi venant de l’est. La section la plus au Nord (Adjudant Glasser) attaquée à la sortie Nord de soultz, se replie en combattant sur la position qui lui avait été assignée sur les pentes Nord de la forteresse. La section du Lieutenant Guenet attaquée par engins et artillerie légère aux bains de Soultz réussit avec l’aide de son char à décrocher et à se porter sur les pentes Nord-Est de la forteresse. Les deux autres sections de la 11eme compagnie tiennent la ferme Finkenoff et les pentes est de la forteresse. Ce mouvement de repli sur une position reconnue a pu être réalisé grâce aux feux d’une s.m. (lieutenant Masson), (15 000 cartouches ont été tirées par la section).
Vers 15 heures, venant de Wasselonne, des éléments légers ennemis en motos et bicyclettes font irruption à proximité du carrefour de Biblensheim cherchant à faire la liaison avec d’autres éléments attaquant Soultz. Pris à partie par les feux violents de la section Challot 9eme compagnie, Aspirant Chistens C.A.S. et ne pouvant continuer vers le sud, ils essaient de tourner la résistance en direction de Bergbieten ; là aussi l’adversaire est stoppé par la 9eme compagnie et une s.m. ; la section Challot est obligée de se replier sur Dangolsheim ; le caporal Bessière de cette section est blessé.
Au même moment d’autres
infiltrations venant de Westoffen et Traenheim mettent en danger
Bergbieten et Flexbourg.
Pressé par l’ennemi le chef de
corps prescrit vers 15 heures 30 un nouvel alignement entre la
forteresse et les bois au Nord. Le P.C. du 1er bataillon se
porte à Flexbourg où les derniers éléments
arrivent vers 20 heures. La C.A.3 installée à Flexbourg,
reste en place pour protéger l’installation du 1er
bataillon sur sa nouvelle position. Le combat se poursuit
jusqu’à 21 heures 30, à 22 heures les
éléments d’artillerie et d’infanterie de la forteresse
quittent cette dernière en direction de Wisches ; l’ordre de
repli transmis au Commandant Renaux, commandant les forces de la
position de Mutzig concernait également le 3eme bataillon qui
devait d’ailleurs constituer l’arrière-garde pour l’ensemble,
mais l’officier chargé de porter l’ordre n’ayant pas
signifié ce dernier au 3eme bataillon, qui n’était pas
sous les ordres du Commandant Renaux, le bataillon est en dehors du
mouvement et occupe seul la position. Inquiet de ces mouvements et ne
recevant plus aucun ordre, le Commandant de bataillon se rend vers 2
heures du matin en voiture à la recherche du chef de corps que
le motocycliste envoyé en mission n’avait pu trouver.
D’autre part la 11eme compagnie n’avait pas en fin de combat
rétabli la liaison avec le P.C., les recherches faites par des
agents de transmission pour retrouver l’unité étant
restées vaines, vers minuit le Capitaine Capolini,
accompagné du Sous-Lieutenant Bolher et de deux hommes, se
charge de cette mission et réussit à retrouver la 11eme
compagnie et à donner au Capitaine Séverac des directives
pour le décrochage déjà envisagé.
A son retour au P.C. (3 heures) il retrouve le chef de bataillon qui avait pu joindre le Colonel et apporter confirmation de l’ordre de repli qu’il aurait dû avoir à 22 heures ; il est transmis de suite aux unités qui sont prêtes avec recommandation de prendre les précautions nécessaires en raison de la proximité de l’ennemi et du jour qui arrivait à grand pas. La 10eme compagnie qui avait reçu directement du Colonel l’ordre de ne quitter Dinsheim qu’après le passage de tout le bataillon, couvrait donc le mouvement.
21 juin : Le mouvement commencé vers 3 heures 30, malgré les effets du combat de la veille auxquels s’ajoutait la fatigue d’une marche particulièrement délicate en raison de l’ennemi et de certaines destructions déjà effectuées sur le parcours, le chef de bataillon est heureux de voir à nouveau son unité presque au complet rassemblée à Lutzelhouse ; la section Kronenberger et un g.m. (11eme compagnie) manquent à l’appel.
Il félicité chacun et particulièrement les conducteurs hippo et auto qui n’ont pas hésité à rechercher des chemins dans les bois et réussi à ramener tous les véhicules et tous les blessés. L’ennemi n’ayant pas conservé le contact ou du moins n’ayant pas cherché à suivre de près l’arrière-garde (10eme compagnie) aucune action sérieuse ne se produit dans la journée ; le bataillon était protégé par le 21/24 qui tient Urmatt. Quelques heures de repos sont accordées aux hommes. Puis vers midi la 10eme compagnie, jusque là la moins éprouvée, est installée sur les hauteurs Nord et Nord-Est de Lutzelhouse.
La 11eme compagnie réduite à cause des pertes et
défections de la nuit précédente tient les
lisières Ouest du village.
La 9eme compagnie se tient provisoirement en réserve. Les
directions Nord-Ouest et Sud sont confiées à la garde du 1er
bataillon qui se trouve également dans le village – le
dispositif est couverts à l’est par le 21/24 qui tient Urmatt –
P.C. du R.I. à Hersbach. En fin de journée le III/226 est
chargé de défendre Lutzelhouse et Mulbach face au Nord et
à l’Est en liaison avec le 21/24 – le 1/226 défendra
Lutzelhouse Sud et Sud-Est, avec une compagnie en flanc garde à
Grendelbruck (Lieutenant Duffet).
Dans la nuit du 21 au 22 : L’ordre est donné de renforcer le 21/24 d’une compagnie F.V. et 1 s.m. – la 9eme compagnie désignée pour cela s’installe au lever du jour aux lisières Est de Maisenwald – Nord d’Urmatt.
22 juin : Dès 6 heures une attaque ennemie venant des hauteurs est d’Urmatt se déclenche, se développe vers le Sud et se poursuit jusqu’à 11 heures. Vers 15 heures nouvelles poussée allemande par le Nord en vue d’encercler le village. Magnifique résistance du Lieutenant Nicolas, qui avec ses hommes n’hésite pas à charger à la baïonnette pour se dégager et y réussit ; la lutte devient inégale ; quelques éléments de la 9eme compagnie se replient sur Urmatt, d’autres gagnent la forêt en direction du Donon.
Au P.C. dès 9 heures, à la suite du départ du 1er bataillon pour Wisches et de la 9eme compagnie pour Urmatt, les dispositions suivantes sont prises pour la défense de Lutzelhouse et Mulbach.
10eme compagnie deux sections sur les hauteurs Nord et est du village ; une section à hauteur de la station ; une section à la lisière Sud de Mulbach.
11eme compagnie sortie Sud-Ouest en direction de Wisches.
C.A.3 une section 9eme compagnie ; une section 11eme
compagnie ; une S.M. plus engins pour l’ensemble de la défense.
La partie Nord du village, faute
d’effectif suffisant, n’était pas gardée. Cette mission
est confiée à l’Etat-Major du bataillon qui est pour la
circonstance armé de deux F.M. et pourvu de grenades.
Cette partie du terrain est organisée par le Sous-Lieutenant
Bolher suivant les directives du Capitaine-Adjudant Major. Les
emplacements de F.M. et les trous individuels sont crées en tout
hâte. Le moral des éléments de l’Etat-Major est
parfait, chacun désire faire son devoir jusqu’au bout.
Dans l’après midi les jalonnements par fusées nous indiquent les positions de l’ennemi, lequel tient les bois Nord-Est de Lutzelhouse et au Sud de Mulbach. Vers 17 heures des tirs d’artillerie allemande sont effectués aux lisières Sud de Mulbach puis sur les pentes Nord de Lutzelhouse occupées par l’Etat-Major sans occasionner aucune perte.
Au P.C. les documents secrets sont brûlés, l’étreinte ennemie se resserre. Le chef de bataillon et le Capitaine Capolini se rendant compte de la situation vérifient l’organisation de la défense et assignent en particulier à 1 G.M. (Lieutenant Masson) le soin d’interdire la grande route venant d’Urmatt.
Le Lieutenant Binet fait tirer ses mortiers au profit du 1er bataillon sur des ennemis venant de Schwarzbach et progressant vers Wisches.
19 heures 30, n’ayant plus de renseignements sur la 9eme
compagnie (placée d’ailleurs sous les ordres du Commandant du
21/24) et sur ce qui se passe devant lui le chef de bataillon se rend
vers 19 heures 30 à Urmatt et y arrive au moment précis
où l’ennemi déclenchait une violente attaque sur
l’ensemble du village.
Il a pu se rendre compte de la gravité de la situation et
après avoir félicité le Lieutenant Nicolas pour sa
belle conduite et constaté la sérieuse résistance
du 21/24 resté à Urmatt, il revient rapidement à
Lutzelhouse et avant de rejoindre son P.C. il met le Commandant de la
10eme compagnie au courant de la situation et lui donne l’ordre de
resserrer son dispositif et de s’appuyer au village pour passer la nuit
sur une position plus favorable. En outre il prescrit aux
éléments restants de la section de l’aspirant Klein
(11eme compagnie) de se porter à la mairie pour y établir
un bouchon et servir éventuellement de réserve à
la 10eme compagnie. Ces ordres étaient à peine
donnés que des rafales de mitraillettes éclatent à
la lisière Est du village (les Allemands attaquaient), surprise
par la rapidité et l’audace de l’ennemi venant du
cimetière et prenant à revers les sections très
étalées, la 10eme compagnie offre peu de
résistance d’autant plus que le moral avait été
fortement atteint au cours de la journée par le contact entre
les combattants et la population qui invoquant la demande de
l’armistice faisait ressortir l’inutilité de la
résistance laquelle pouvait en particulier provoquer des
destructions et des représailles de la part de l’adversaire.
Malgré tout on devait apprendre plus tard que le Lieutenant
Gavoille avait été tué à un F.M. et que
plusieurs hommes avaient été blessés. Les
Allemands progressaient dans la rue principale poussant des hurlements,
jetant des grenades, tirant des rafales de pistolets mitrailleurs,
faisant sortir de chaque maison civils et militaires, renvoyant les
uns, désarmant les autres. Le premier acte avait
été comme à Urmatt et à Avolsheim,
l’incendie d’une maison.
Des éléments se dirigent vers le P.C. du bataillon mais
ils sont surpris et stoppés par un groupe comprenant le
Commandant Deconinck, le Capitaine Capolini, le Sergent Fichesseur, les
soldats Mathieu et Bedu qui jettent des grenades et déchargent
leurs pistolets sur les assaillants. Une lutte pied à pied
s’engage pour la défense du P.C. ; Officiers, secrétaires
et planton retardent quelque temps l’avance allemande mais une
résistance prolongée étant impossible à cet
endroit tout le monde se porte sur la position organisée
quelques heures auparavant et le combat continue toute la nuit.
Des patrouilles commandées par les Lieutenants Hagé et
Belher et où se distinguent le sergent Le Berre et le soldat
Bedu, sont envoyées dans le village et au P.C. pour essayer de
connaître la situation de l’ennemi en vue d’une opération
pour la reprise du village. L’adversaire continue néanmoins son
opération de nettoyage de la localité emmènent nos
chevaux, le poste de secours qui venait de s’installer dans le centre
du village est fait prisonnier au complet, allant même
jusqu’à nous crier que puisque nous ne voulons pas nous rendre
il va nous faire voir de quoi il est capable.
De son côté la 11eme
compagnie aurait pu se replier sur les pentes Ouest du village, ne
réagit pas. Le G.M. placé dans la soirée ne
remplit pas sa mission. Toute liaison est coupée entre le P.C.
du bataillon et ses unités, lesquelles sont sans doute
anéanties puisque les armes automatiques et individuelles
restent muettes. L’Etat-Major continue cependant courageusement
à s’organiser, à regrouper ses éléments et
à rassembler ses munitions restées au P.C. – Le chef de
bataillon donne l’ordre de former le carré autour du
réservoir d’eau pour tenir tête à l’ennemi.
Toutefois les patrouilles ayant constaté que le village
était solidement occupé, la situation devenant de plus en
plus critique et un combat de jour ne pouvant être
raisonnablement envisagé à cet endroit, l’ordre du
Colonel étant d’autre part de ne pas se laisser couper de
Wisches, le Commandant donne l’ordre de repli. Trois groupes sont
formés et au lever du jour la retraite se fait par bonds et dans
le calme sous la protection des F.M.
Les munitions sont emportées, les officiers abandonnent les
vivres et se chargent de nombreuses cartouches pour F.M. , les poches
sont remplies de grenades.
Le mouvement réussit parfaitement bien qu’effectué par des spécialistes et des S.X. peu habitués à ce genre de lutte. Malheureusement tout le monde ne rejoint pas. Quelques retardataires sont fait prisonniers, d’autres sont blessés, tel l’ordonnance du Commandant, soldat Bedu, qui est grièvement blessé en protégeant à coup de fusil le repli de ses camarades.
23 juin : C’est avec 32 hommes, 2 F.M., 2 mitrailleurs
et des munitions que le détachement réussit malgré
le tir de l’ennemi et grâce à son propre feu, à
rejoindre Wisches d’abord, le cimetière de Wisches ensuite
où le Commandant pensait résister encore en
renforçant les éléments du 1er
bataillon.
Vers 9 heures sonne le « Cessez le feu ».
Encerclés de toute part, n’ayant
comme alternative que de se rendre ou d’essayer de se soustraire
à l’ennemi jusqu’à l’entrée en vigueur de
l’armistice (l’Armée ayant capitulé le 22 juin) ordre est
donné aux hommes de détruire les armes, de se munir de
vivres au T.C. du 1er bataillon et d’essayer par petits
groupes encadrés de traverser la montagne, direction la
vallée de la Plaine, que l’on croit encore libre.
La dislocation a lieu dans l’émotion générale et après avoir rendu les honneurs aux mort de la Grande Guerre qui reposent au cimetière militaire voisin.
25 juin matin : Les éléments du bataillon
épars dans les environs du Donon, apprennent par des civils que
l’armistice est entré en vigueur, qu’ils pourraient ne pas
être faits prisonniers en vertu d’un accord passé la
veille entre le Général commandant le 43 C.A. (auquel la
division est rattachée) et le Général commandant
le 24 C.A. allemand. Dans cet espoir ils rejoignent volontairement
Wackenbach où se trouve le chef de corps.
Ainsi se termine la dure épreuve du III/226 en tant
qu’unité combattante.
A partir de son installation en
arrière-garde à l’entrée de la Bruche le bataillon
atteint déjà dans ses fibres profondes par l’ordre
d’abandonner la ligne du Rhin, mais encore intact, apprenant que le
Maréchal Pétain lui-même renonçait à
la lutte (discours du 17 juin) apprenant en outre le désastre
des Armées de l’Ouest, le dernier espoir celui d’une
percée au delà des Vosges sur les arrières des
Armées ennemies, devait être abandonné, il ne
restait plus qu’à sauver l’honneur militaire, malgré les
nombreuses défections dues surtout à l’influence de la
population qui incitait les hommes à ne plus combattre pour
éviter des destructions dans leurs villages ; malgré la
fatigue et l’incessante poussée de l’adversaire sans aviation ni
engins blindés, le bataillon a réussi à remplir
jusqu'au 23 juin, toutes les missions retardatrices qui lui ont
été confiées.
L’Etat-Major du bataillon osait même tenir tête tout seul
pendant une nuit à l’ennemi et parvenait à éviter
la reddition le 22 à Lutzelhouse. L’ordre et la discipline ont
pu également être maintenus jusqu’au bout sans trop de
difficultés – l’honneur était sauf – L’instruction
entreprise dès la mobilisation et perfectionnée au cours
de l’hiver au C.R.I. d’Eckbolsheim n’avait pas été
inutile à un bataillon composé uniquement de
réservistes en majeure partie alsaciens (plus de 60%).
ENCADREMENT DU III/226 AU DEPART DE REISCHSTETT
Chef de bataillon Commandant DECONINCK
Capitaine Adjudant-Major Capitaine
CAPOLINI
Officier adjoint Lieutenant HAGE
Service de Santé Médecin
Lieutenant HUSSON
Médecin-pharmacien IMPERIALI
Section
de Commandement S/s Lieutenant
BOLHER
9eme compagnie Lieutenant CHARROT
Capitaine WEILL Lieutenant NICOLAS
Sous-chef ROBINET
10eme compagnie Lieutenant DAMM
Capitaine MOUILLET S/s Lieutenant GAVOILLE
S/s Lieutenant PERRET
Aspirant SAVIN
Adjudant ALFONSI
11eme compagnie Lieutenant KRONENBERGER
Capitaine SEVERAC S/s Lieutenant GUENET
Aspirant KLEIN
Adjudant GLASSER
Sergent-chef MULLER
C.A. 3 S /s Lieutenant MASSON
Lieutenant BINET Aspirant CHRISTENS
Sergent-chef BRUCKMANN
Juillet 1940